L'artiste peintre québécoise Corno s'est éteinte mercredi au Mexique à l'âge de 64 ans, a confirmé à La Presse Canadienne Lucie Déry, une collaboratrice de son frère, le psychanalyste Guy Corneau.

Joanne Corneau, de son vrai nom, se trouvait au Mexique depuis un mois pour recevoir des traitements. Elle souffrait d'un cancer de la gorge.

Originaire de Chicoutimi et diplômée de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), Corno a mené une carrière prolifique à New York, où elle s'était établie en 1992.

Ses oeuvres, toujours très colorées, sensuelles et inspirées du pop art, ont notamment été exposées à New York, Londres, Paris, Venise, Monaco, Hong Kong, Singapour, Séoul et Dubaï. Elle privilégiait les corps nus et les visages peints de façon énergique avec des couleurs chaudes, d'où se dégageait une énergie sensuelle.

Depuis 2006, la galerie AKA à Montréal vendait exclusivement les oeuvres de Corno au Québec.

En 2013, l'artiste a fait l'objet d'un documentaire réalisé par Guy Édoin, qui est devenu très proche d'elle.

«C'était une battante. Je sais qu'elle s'est battue jusqu'à la toute fin», a dit le réalisateur en entrevue avec La Presse Canadienne.

Il se souviendra de sa passion et de son courage, envers et contre tous, avec un parcours qui n'a pas toujours été facile dans un milieu ardu.

«J'ai découvert la passion de Joanne envers son travail, sa dévotion envers son art auquel elle croyait et qui l'habitait totalement.»

La peintre était très appréciée du public, qui aimait beaucoup ses toiles. Cet amour venait d'une combinaison des oeuvres et de la personnalité de l'artiste, qui était très agréable à côtoyer, relève M. Édoin.

Selon Paul Maréchal, auteur, collectionneur et chargé de cours à l'UQAM en marché de l'art, l'artiste a bouleversé les choses.

«C'est une peintre qui est arrivée dans le paysage des arts visuels au Québec au début des années 1980 dans un monde dominé par le paysage, la nature morte et un peu par le portrait. Elle proposait une oeuvre sensuelle et gestuelle.»

Elle a été inspirée par le pop art, par les couleurs et les gros plans des corps, plus grands que nature, explique-t-il.

Très populaire auprès des collectionneurs, «c'est l'une des artistes qui a le mieux vécu de son art de son vivant», dit M. Maréchal. Et elle a inspiré bon nombre d'autres peintres, en plus d'avoir contribué à éveiller les Québécois aux arts visuels.