L'oeuvre Les élans de Patrick Beaulieu sera intégrée cet automne au sein du nouveau Pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein du Musée des beaux-arts de Montréal, dans le cadre du programme d'intégration des arts à l'architecture (communément appelé le «1%»). La Presse s'est rendue mercredi à Granby dans l'atelier de l'artiste visuel, où l'oeuvre est en cours de création.

Dans l'ex-usine Imperial Tobacco de Granby où il a son atelier, Patrick Beaulieu invente une immense danse de 1111 oiseaux avec des morceaux d'aluminium, de laiton et de cuivre.

L'oeuvre s'intitule Les élans. En deux parties, elle représente, grandeur nature, deux ballets aériens d'oiseaux migrateurs: des hirondelles, des bernaches et des étourneaux. Le projet artistique de Patrick Beaulieu a été retenu par le MBAM parce qu'il collait à la vocation du nouveau pavillon, dont les activités tourneront autour des enfants, de l'éducation et de l'art-thérapie.

«Son oeuvre poétique portant sur les mouvements migratoires des étourneaux, des hirondelles et des bernaches emporte l'imaginaire des gens nés ici et ailleurs», explique Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM

Fasciné par le voyage et les «excursions performatives», l'artiste estrien dans la jeune quarantaine s'intéresse aux rythmes de la vie et aux échanges qu'ils génèrent.

«Les élans évoque l'éveil, l'élan dans le regard comme dans le coeur de ceux qui expérimenteront la thérapie par l'art ou ceux qui seront émus par une oeuvre du pavillon, dit-il. Comme on peut l'être par la nature.» 

Nuées d'oiseaux entrecroisées

Les élans sera installée au rez-de-chaussée du pavillon, devant deux larges baies vitrées. Dans son atelier, deux maquettes donnent une idée du rapport d'échelle entre l'oeuvre et l'architecture souple et transparente du bâtiment muséal.

Les deux nuées d'oiseaux seront du plus bel effet dans l'espace feutré du musée: les hirondelles et les étourneaux se rassemblant et s'étirant ensemble dans le ciel; et les bernaches avec leurs mouvements synchrones, lents et progressifs en forme de V.

Pour ce projet, Patrick Beaulieu a d'abord dessiné les deux ballets aériens. Puis, les silhouettes des volatiles ont été découpées au laser dans des plaques métalliques par une entreprise spécialisée avant d'être travaillées en atelier, depuis un mois, pour modeler la courbure de leurs ailes et donner de la texture à leurs corps. 

Le brossage permet d'évoquer le dynamisme des oiseaux et leur forme. Les surfaces des pièces métalliques feront naître reflets et chatoiements à la lumière du jour comme sous l'éclairage modulé de six projecteurs qui rappellera les variations de lumière du ciel.

Deux assistants

Depuis le début de l'été, Patrick Beaulieu est aidé par deux assistants, John Fredy Rivas Gomez, un artiste d'origine colombienne expert dans le travail de polissage et de modelage, et Omar Bernal Benítez, artiste multimédia et designer graphique d'origine mexicaine.

Créées en aluminium ou en laiton, les hirondelles seront pour la plupart peintes d'un bleu ciel assez vif. De taille plus grande, les bernaches sont en cuivre alors que les étourneaux sont en laiton brut. 

Toutes les pièces recevront un vernis protecteur afin qu'elles conservent leur éclat initial. Les deux dentelles d'oiseaux donneront une impression de progression et de légèreté. 

«C'est une oeuvre matérielle dans son volume et dans la matière, dit Patrick Beaulieu. Mais c'est une oeuvre tout autant dans l'immatérialité, car je suggère une certaine évanescence dans son mouvement; la question des ombres et de la lumière est aussi quelque chose d'important dans mon travail.»

Embrassant l'art comme une rencontre précieuse avec les gens, Patrick Beaulieu a déjà créé 13 oeuvres d'art public au Québec. En taille, Les élans est sa plus grande à ce jour. « La qualité du lieu qui va l'accueillir à Montréal est enthousiasmante », dit-il.

Les élans fera partie d'une série de sept oeuvres d'art public qui constitueront un parcours intitulé Sentier de la paix au sein du nouveau pavillon du musée.

Photo Sébastien Roy, fournie par le Musée des beaux-arts de Montréal

Les surfaces des pièces métalliques de l’œuvre Les élans génèreront, sur un premier espace de 37 pieds de largeur, des reflets et des chatoiements à la lumière du jour comme avec l’éclairage modulé de six projecteurs.