Avec un engouement marqué pour la matière et son potentiel de métamorphose artistique, Sébastien Lafleur rappelle que l'art surgit d'abord et avant tout d'un regard sur les choses. La galerie D'Este expose ses dernières créations jusqu'au 22 novembre.

Sébastien Lafleur se destinait à la scénographie, à cause de son amour du bois et d'un penchant irrépressible pour la manipulation de la matière. Après avoir bourlingué un peu partout et ramené bien des matériaux dans ses bagages, il a eu le goût d'explorer le sens des objets «pauvres» et de leur donner une signification esthétique, dans la lignée de l'Arte Povera.

Il a commencé par utiliser des crânes d'animaux et des morceaux de bois et d'autres objets trouvés sur les rives de l'île aux Coudres lors de ses promenades. Puis, il a étendu ses recherches à toutes sortes de produits de la nature: branches, glands, écorces, etc.

Sébastien Lafleur ne revendique pas pour autant un regard écologique sur les choses, mais il a un attrait soutenu pour les sciences de la vie.

«[J'ai] un intérêt dans le sens de la méditation ou de l'admiration de la façon dont les formes peuvent évoluer dans la nature. Je suis intéressé par la notion de paysage.»

On retrouve cet intérêt dans ses peintures et ses dessins, où les références à la géologie sont récurrentes. Pour évoquer la formidable évolution physique du minéral dans l'histoire de la Terre, bien sûr. Mais aussi pour parler de la notion d'umwelt, soit l'environnement sensoriel des choses et des organismes vivants. L'umwelt, cette faculté de détecter la vie, d'autres vies, en se détachant de notre propension à tout ramener à l'espèce humaine.

De la beauté des choses simples

Il ressort ainsi de ses lectures et de ses longs mois de recherche et de travaux en atelier des sculptures dynamiques, dont certaines créent même l'illusion du mouvement. Comme Cnidaire, par exemple, réalisée en plaçant un buisson de branches de type parasitaire à l'intérieur d'une feuille de métal découpée et pliée, une oeuvre qui évoque une méduse.

Mais aussi Échinoderme: éclosion, une sculpture constituée de morceaux de liège provenant d'anciennes vestes de sauvetage. Assemblés, ils forment une boucle à l'intérieur de laquelle Sébastien Lafleur a planté des épines de porc-épic.

Comme son nom l'indique, l'oeuvre ressemble à un oursin dont l'aspect fantastique est amplifié par le fait qu'il est posé sur un miroir.

Stromatolites d'art

Avec Stromatolite, l'artiste a réalisé une sculpture qui nous renvoie aux stromatolites, ces rares stratifications minérales et organiques créées par des cyanobactéries. Sébastien Lafleur a objectivé l'oeuvre en créant deux empilements séparés de petites ardoises bleues qui se font face. Deux empilements qui semblent communiquer entre eux, selon le principe d'umwelt. Très beau.

Xylophage illustre aussi sa capacité à transformer un vulgaire morceau de bois rongé par les termites en un objet d'art aérien et inspirant, judicieusement placé sur un trépied.

Et puis, il y a Stylommatophore, qui illustre bien la démarche de recyclage de Sébastien Lafleur. Les stylommatophores regroupent les gastéropodes. L'oeuvre, qui ressemble à une limace, a été constituée avec les cupules et les tiges de dizaines de glands de chêne récupérés dans la nature. Un assemblage organique très réussi.

Nous avons moins apprécié ses oeuvres en deux dimensions, même si Lafleur ne manque pas de talent en dessin, comme le montrent Nature morte 1, Modulation: nacre et surtout Métamorphisme III, résultat d'un «plissement» de l'esprit.

Ses dessins sont souvent des préludes à son geste sculptural et influencent ses autres types d'expression comme la vidéo. Sébastien Lafleur donne des cours de formation en vidéo à la Société des arts technologiques et on devrait bientôt le voir intégrer la vidéographie dans ses projets.

SÉBASTIEN LAFLEUR EN QUELQUES MOTS

> 30 ans

> A grandi en Ontario

> Diplômé de l'UQAM

> Vit et travaille à Montréal

> A exposé au Québec et en Ontario

> Influences: l'artiste Giuseppe Penone et le physicien Yves Sirois

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À la galerie D'Este (4396, boulevard Saint-Laurent) jusqu'au 22 novembre.

www.sebastienlafleur.com

Ventes d'automne de la Maison Heffel

La maison d'enchères Heffel organisera sa vente aux enchères d'automne à Toronto le 26 novembre. Une centaine des 156 oeres qui y seront vendues est exposée dans les bureaux montréalais de la maison Heffel, jusqu'à demain de 11 h à 18 h.

Les autres expos

THOMAS KNEUBÜHLER

L'artiste montréalais Thomas Kneubühler présente ses nouvelles créations à la galerie Patrick Mikhail jusqu'au 19 décembre. Il s'agit d'une partie de son projet Days in Night sur la lumière polaire et les limites de la vision, dont une vidéo est présentée dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal.

À la galerie Patrick Mikhail (4445, rue Saint-Antoine Ouest), jusqu'au 19 décembre; aux RIDM (3450, rue Saint-Urbain), jusqu'au 22 novembre.

http://www.patrickmikhailgallery.com/

PAUL BÉLIVEAU À LONDRES

L'artiste québécois Paul Béliveau expose ses oeuvres à la Plus One Gallery de Londres jusqu'au 28 novembre. L'exposition solo For the Love of Books propose une sélection d'oeuvres inédites et récentes puisées dans sa série Vanitas.

À la Plus One Gallery (89-91 Pimlico Road, Londres), jusqu'au 28 novembre.