Quatre ans après la pose de la première pierre, le célèbre musée Whitney de New York ouvre le 1er mai au public dans un nouveau quartier et un bâtiment flambant neuf, conçu par l'architecte italien Renzo Piano.

Il a quitté le sage quartier d'Upper East pour s'ancrer plus au sud, dans celui plus branché du Meatpacking District, entre la rivière Hudson et la High Line, la «coulée verte» de New York.

Le musée d'art moderne et contemporain nord-américain était trop à l'étroit dans son ancien havre de Madison avenue.

Dans ce nouveau bâtiment de béton, acier et verre de neuf étages, complètement asymétrique et en phase, selon ses responsables, avec le caractère industriel du quartier, il aura désormais deux fois plus d'espace, intérieur et extérieur.

Plafonds hauts, planchers de pin clair et vastes fenêtres pour les galeries, grandes terrasses en cascade en extérieur, le bâtiment lumineux offre de magnifiques vues sur Manhattan à l'est et sur l'Hudson à l'ouest.

Et est déjà solidement ancré dans ce quartier de galeries d'art, boutiques de mode et restaurants: il pèse 28 000 tonnes, dont 4000 tonnes d'acier pour la structure.

Son architecte Renzo Piano, l'a voulu, comme le Centre Pompidou à Paris qu'il avait conçu dans les années 70, très ouvert sur l'extérieur. Un vaste hall vitré, que Piano préfère appeler piazza «pour laisser les gens rentrer, sans être intimidés», accueille les visiteurs.

Un monde de liberté

«Vous entrez dans un nouveau monde, le monde de l'art et de la liberté», a expliqué l'architecte lors de la présentation à la presse. «L'art c'est la liberté, et j'espère que vous sentirez que ce bâtiment est conçu pour rendre la liberté visible».

Outre ses salles d'exposition, dont une extraordinaire salle modulable de 1675 m2, sans colonnes structurelles, le Whitney dispose désormais d'un centre éducatif, d'un auditorium de 170 places, d'une bibliothèque, d'un centre de conservation, d'un café au 8e étage, et d'un restaurant au rez-de-chaussée.

Au total le musée, auxquels certains trouvent une vague allure de pétrolier, fait 20 500 m2, dont 4600 m2 dédiés aux expositions intérieures, et 1200 m2 en extérieur.

«C'est une occasion historique, un moment transformateur», s'est félicité son directeur Adam Weinberg.

«Le bâtiment nous offre des possibilités que nous n'avons jamais eues, avec des galeries plus grandes, flexibles, la possibilité de présenter beaucoup plus d'oeuvres de notre collection permanente, des espaces extérieurs pour des sculptures et des spectacles. Ce bâtiment sera un endroit de découverte et de prise de risques. Ici, les artistes les plus importants, les plus exigeants et courageux de notre époque auront une présence constante».

Le musée Whitney, spécialisé dans l'art des États-Unis du 20e et 21e siècle, fondé en 1930 par l'artiste et philanthrope Gertrude Vanderbilt Whitney, compte quelque 22 000 pièces de plus de 3000 artistes dans sa collection permanente.

Son exposition inaugurale, America is hard to see qui ouvre le 1er mai jusqu'au 27 septembre, est consacrée à l'Art américain de 1900 à aujourd'hui, explorant les thèmes, idées, passions qui ont galvanisé les artistes depuis 115 ans, dans leur contexte politique et social et leurs contradictions.

Répartie dans tout le musée, elle présente autour de 23 «chapitres» thématiques plus de 600 oeuvres de la collection permanente, de quelque 400 artistes: depuis l'origine du musée jusqu'aux années 60, toiles, collages, photos, meubles, vidéos et même des aspirateurs, ou une immense couverture en patchwork de peluches d'enfants, racontent l'art des États-Unis.

On y traite de spectacle, du sida, de la guerre, de l'identité, des questions raciales...

Un petit quart de ces oeuvres n'ont jamais été exposées.

La construction du nouveau Whitney a coûté 422 millions $.

Il sera ouvert six jours sur sept, fermé le mardi. Le prix d'entrée est de 22 $ pour les adultes, gratuit pour les moins de 18 ans.