Conçue par l'organisme Montréal en histoires, Cité Mémoire est une des réalisations artistiques les plus attendues du 375e anniversaire de la métropole, en 2017. Le directeur général Martin Laviolette a présenté à La Presse les grandes lignes de cette création qui abordera l'histoire de la ville avec un concept d'animation avant-gardiste.

Avec ses portraits de Montréalais de plusieurs dizaines de mètres de hauteur projetés sur d'immenses murs du Vieux-Montréal, Cité Mémoire ne passera pas inaperçu quand ce projet sera dévoilé, en mai 2016. Les touristes du monde entier repartiront de Montréal avec l'impression d'avoir visité un quartier transformé en musée extérieur.

Cité Mémoire est une idée de Martin Laviolette, directeur général et producteur délégué de l'organisme à but non lucratif Montréal en histoires. Un projet multimédia ambitieux de 20 millions, au départ financé aux trois quarts par les finances publiques et qu'il espère voir fructifier.

À la fois artistique, technologique et éducatif, il comprend trois éléments distincts: l'oeuvre Cité Mémoire en elle-même, une application interactive que l'on pourra télécharger sur son téléphone intelligent et une trousse pédagogique gratuite s'adressant notamment aux écoles.

La substance de Cité Mémoire est actuellement préparée par les créateurs Michel Lemieux et Victor Pilon (pour les images) et par le dramaturge Michel-Marc Bouchard (pour les textes). Il s'agit de 24 animations qui présenteront des épisodes de l'histoire de Montréal depuis sa fondation, en 1642.

Quatre langues offertes

Les 24 histoires seront projetées sur des murs aveugles d'édifices du Vieux-Montréal, mais aussi sur des arbres, des plateformes et le parterre de la place d'Armes. En chaque lieu, les visiteurs pourront entendre des explications historiques sur leur cellulaire, en français, en anglais, en espagnol ou en mandarin et, s'ils le souhaitent, une musique composée par Maxime Lepage, qui a collaboré avec Michel Lemieux et Victor Pilon pour leur spectacle Icare.

Les images de ces 24 histoires ont été tournées en novembre et en décembre. D'autres le seront en avril. «Le contenu historique des 24 animations et les textes de Michel-Marc Bouchard sont révisés par le Centre d'histoire de Montréal, dit Martin Laviolette. Question d'éviter des erreurs de date, notamment.»

Ces tableaux projetés évoqueront des péripéties marquantes de l'histoire montréalaise, qu'elles soient politiques, sociales, culturelles, sportives ou économiques. Par exemple, la foire aux fourrures «du point de vue des castors» en 1680; la signature de la Grande Paix avec les autochtones; le passage du joueur de baseball Jackie Robinson à Montréal en 1946; la sainte Flanelle et Maurice Richard; ou encore l'accueil d'enfants juifs rescapés des camps nazis, après la Seconde Guerre mondiale.

Retombées touristiques

Les animations dureront de deux à quatre minutes, sauf trois d'entre elles (au marché Bonsecours, à la tour de l'Horloge et au Champ-de-Mars), qui dureront plus de dix minutes. Le plus gros tableau, qui résumera quatre siècles d'histoire montréalaise, sera projeté en boucle sur les deux murs du palais de justice de Montréal, non pas en 2016, mais à partir du 17 mai 2017, jour de la fête de Montréal.

«On le projettera aussi deux fois à Paris et dans le Quartier des spectacles, et il sera offert sur les réseaux sociaux», dit Martin Laviolette. Les autres animations ne seront pas présentées en boucle afin de ne pas déranger les résidants du Vieux-Montréal avec la lumière des projections.

Les propriétaires fonciers participent en effet à la préparation de Cité Mémoire. La diffusion de l'oeuvre nécessite l'installation de quelque 90 projecteurs sur des façades ou des toits. Il a donc fallu négocier avec les propriétaires des maisons en question et signer des baux.

Martin Laviolette estime que Cité Mémoire aura d'importantes retombées touristiques. «Chartres, en France, a un parcours qui ressemble un peu au nôtre et ils en sont à la construction d'un troisième hôtel, tellement c'est populaire», dit le producteur. Il espère donc que le concept fera des petits à l'exportation, mais aussi localement. Par exemple, quand le Musée des beaux-arts de Montréal présente une exposition particulière, l'équipement de projection pourrait être utilisé pour en montrer un complément.

«C'est en tout cas un projet énorme, tout un défi, car c'est l'image de marque de Montréal», dit Martin Laviolette.

Deux autres volets de Cité Mémoire

Application

Le deuxième élément élaboré par Montréal en histoires est une application d'un parcours géolocalisé de Cité Mémoire dont le contenu a été défini par un comité qui comprend des historiens. L'application téléchargeable permettra au touriste d'obtenir sur son cellulaire des informations sur 15 lieux patrimoniaux où l'oeuvre sera projetée et sur une cinquantaine de lieux d'intérêt historique, comme le château Ramezay ou la basilique Notre-Dame. Si tout va bien, ce deuxième volet sera lancé au printemps.

Pédagogie

Doté d'une solide expérience en économie sociale et dans le secteur communautaire, Martin Laviolette voulait greffer à son projet une mission éducative. Il y aura donc un troisième volet: une plateforme pédagogique qui fournira gratuitement sur l'internet - et sur demande - du contenu historique et éducatif, en anglais ou en français, notamment à des écoles du Québec. L'organisme détaillera cet élément prochainement lors d'une conférence de presse.