La fondation Bührle estime être le propriétaire légitime du Champ de coquelicots près de Vétheuil, une oeuvre de Claude Monet que lui réclame le petit-fils de son ancien propriétaire, faisant valoir que le tableau avait été vendu à la hâte à un prix bradé pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans un communiqué publié jeudi, la fondation Bührle a indiqué avoir rencontré le représentant du petit-fils, Juan Carlos Emden, et ses avocats à Zurich, mais a estimé que ceux-ci n'avaient pas apporté d'éléments nouveaux permettant d'étayer leurs revendications.

Selon la fondation Bührle, qui gère une des plus importantes collections privées en Suisse, la toile aurait été acquise à un prix supérieur aux tarifs en vigueur à l'époque sur le marché de l'art.

La famille Emden, «au moment de la vente était en possession de moyens financiers considérables qui lui laissaient la possibilité de planifier la vente et de bénéficier de conseils professionnels de marchands d'art réputés», a indiqué la fondation Bührle dans un communiqué.

Le tableau avait été acheté à la fin des années 1920 par Max Emden, un riche homme d'affaires juif qui avait fui l'Allemagne nazie en 1933, pour s'installer sur les îles de Brissago, situées sur le Lac Majeur en Suisse.

À sa mort en 1940, son fils unique Hans Erich Emden avait financé sa fuite vers l'Amérique latine en cédant la toile pour 30 000 francs suisse de l'époque à un marchand d'art juif de Saint-Gall qui l'avait ensuite revendu pour 35 000 francs à Emil Bührle, un collectionneur zurichois féru d'oeuvres impressionnistes.

La fondation Bührle a fait valoir que les prétentions de Juan Carlos Emden, installé au Chili, restaient floues.

Markus Stötzel, l'avocat de Juan Carlos Emden, a décrit au cours d'une conférence de presse la rencontre avec la fondation Bührle comme très productive, précisant toutefois que des zones d'ombre subsistaient.

Me Stötzel a précisé que les parties étaient convenues de se retrouver à nouveau pour discuter de ce dossier, sans donner de détail supplémentaire.

Le Champ des coquelicots près de Vétheuil faisait partie des quatre pièces volées lors d'un casse spectaculaire en 2008. La toile avait été retrouvée la semaine suivante dans le coffre d'une voiture abandonnée sur le parking d'un hôpital psychiatrique à Zurich.

Selon le journal suisse Neue Zürcher Zeitung, le tableau vaut aujourd'hui environ 25 millions de francs suisses (26,7 millions $).

Selon la presse chilienne, citée par le journal zurichois, Juan Carlos Emden se bat depuis plusieurs années pour récupérer les tableaux de son grand-père, considérés comme vendus à vil prix dans l'urgence, alors qu'il fuyait le nazisme.