Le Musée McCord rend hommage à la photographe Lynne Cohen jusqu'au 6 mai avec la présentation de 12 oeuvres appartenant à la Collection Giverny Capital du collectionneur François Rochon.

Lynne Cohen est une artiste de renommée internationale, récompensée par de multiples prix et honorée un peu partout sur la planète depuis 30 ans. Elle s'est spécialisée dans la prise de vue d'intérieurs esthétiquement remarquables.

François Rochon a succombé à l'harmonie de ses photos architecturales tant et si bien qu'il a décidé de s'offrir une douzaine de ses oeuvres l'an dernier.

« J'ai passé à travers son catalogue et j'ai choisi celles-ci, dit-il à La Presse. Je voulais des oeuvres marquantes et avec le Musée McCord, on a décidé de montrer son travail. Elle habite Montréal depuis 2003, c'est une artiste majeure. »

Les intérieurs photographiés par Lynne Cohen (des clubs privés, des salles de réunion, des usines, etc) semblent froids, artificiels et dépourvus d'humanité. Pas âme qui vive, croyons-nous au premier coup d'oeil. Et pourtant. L'artiste originaire du Wisconsin (elle réside au Canada depuis 1973) a le don de saisir le réel et ses atours d'étrangeté.

Comme dans sa photographie Laboratoire (1999), une salle d'expérimentation scientifique aux murs réfléchissants dans laquelle la lumière crée des irisations qui évacuent toute logique de l'espace et donne à la réalité des airs d'abstraction.

L'originalité de ses oeuvres tient aussi à sa propension de nous faire découvrir des détails que l'on ne voit pas à première vue.

C'est notamment le cas avec sa photographie Sans titre Porte rouge (2007). Notre regard se fixe d'abord sur l'étrange meuble à deux fauteuils qui occupe le centre de la photo. Comment peut-il ne pas céder en son centre alors que ses pattes sont si éloignées l'une de l'autre? Une observation plus attentive nous fournit la réponse et nous dévoile un autre détail : la porte située à droite de la photo a un défaut majeur. Elle n'a pas de poignée !

Spa, 2003 est aussi une photographie remarquable. D'abord par ses teintes de bleu soutenu et aussi par le calme qui règne dans cette solitude aquatique où l'on ressent la présence humaine dans les chaises longues à demi immergées dans le bain.

Lynne Cohen sait également nous faire sourire, par exemple quand elle photographie une salle de tir où l'on remarque que la plupart des balles tirées semblent avoir laissé des impacts au niveau...des jambes des silhouettes.

Lors du vernissage de l'exposition, Lynne Cohen a dit aimer que ses oeuvres conversent ensemble dans la salle du musée et puissent établir une communication entre ces lieux qu'elle a découverts et les visiteurs qui les regardent.

Comment trouve-t-elle ces endroits sculpturaux qu'elle photographie ? «  Ce sont eux qui me trouvent, a-t-elle dit, et je n'arrive pas à m'en échapper. » C'est l'attrait de cette exposition : croire qu'il n'y a pas grand-chose à voir et se laisser prendre dans les filets de cette artiste toute en nuances, élégance et subtilité.