Le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, a inauguré hier sa première exposition de photographies dans le coeur du Quartier des spectacles, à l'angle du boulevard de Maisonneuve et de la rue Jeanne-Mance. Suivi par une horde de journalistes et de photographes, il a commenté plusieurs des clichés exposés en plein air sous le regard intrigué des passants. Intitulée Gaïa (du nom de sa fille aînée), l'expo regroupe une soixantaine de photos de la Terre prises lors de son voyage dans l'espace au mois d'octobre 2009.

Un beau livre publié aux éditions Assouline avait été lancé au mois de juin dernier au Musée d'art contemporain pour marquer le coup. Tous les profits provenant de la vente de ces livres (dont certaines éditions limitées sont vendues au coût de 7000$) sont versés à sa Fondation One Drop, mise sur pied en 2007 pour favoriser l'accès à l'eau potable.

Les photographies imprimées en format géant ont été placées sur la Promenade des artistes, petite languette bétonnée située sur le boulevard de Maisonneuve, entre la Place des Arts et le Complexe des sciences de l'UQAM. Tout le projet Gaïa a été coordonné par Martin Bündock du Cirque du Soleil, qui a travaillé pendant un an sur ce projet d'exposition qu'il évalue à «au moins un demi-million de dollars».

350 km dans l'espace

Laliberté s'est dit heureux et ému de présenter cette expo «dans la rue», dans un endroit où il a déjà «fait la manche!». «Ça a été une belle expérience créative, a-t-il dit. Comme pour tous mes projets, je me suis donné à fond. Aujourd'hui, je suis content de pouvoir offrir ce cadeau au Quartier des spectacles et aux Montréalais.»

Prises à environ 350 km de la Terre, à une vitesse de 25 000 km/heure, les photos sont d'une qualité impressionnante. «J'ai toujours fait de la photo, s'est justifié l'artiste-producteur. Et puis, je pense que j'ai un bon oeil», a-t-il dit, amusé, qualifiant ses clichés «d'oeuvres d'art éphémères».

Mitraillé par les flashes, Guy Laliberté a inauguré l'expo en dévoilant sa photographie aérienne du Québec. «Je suis passé au moins 36 fois au-dessus de Montréal, et il y avait toujours des nuages, mais je crois avoir pris des photos intéressantes.»

Les autres photos aux riches textures représentent des dunes, des déserts, des chaînes de montagnes, mais aussi des terres agricoles en Russie, des lacs en Asie centrale, plusieurs pays d'Europe, la Chine sous différents angles, etc. Guy Laliberté avait le choix, puisqu'il a réuni environ 2500 photos de très bonne qualité. Il a dû en choisir 150 pour son livre, et 60 pour cette expo.

«J'ai regroupé mes photos en plusieurs catégories: mes personnages, mes animaux, mes lacs, mes nuages. J'ai fait une sélection parmi elles.» C'est que Laliberté s'est amusé à trouver des formes à ces paysages improbables. Comme cette photo du Kazakhstan qui fait réellement penser à un taureau.

Pollution

Est-ce que les pénuries d'eau sont visibles de l'espace?, lui a-t-on demandé. «Absolument, a répondu Guy Laliberté. On reconnaît bien les lacs qui se sont asséchés. Mais aussi la pollution de l'air, les marées noires, etc. On voit la fragilité de la Terre par rapport au reste de l'univers.»

L'exposition gratuite, réalisée en partenariat avec la Fondation du Mouvement Desjardins, se poursuivra jusqu'au 10 octobre. Après quoi, elle prendra le chemin de Québec et de Toronto avant d'entamer une tournée internationale qui la mènera notamment à Las Vegas, Orlando, Paris, Monaco et Londres.