À travers son oeuvre artistique, Judy Chicago a beaucoup travaillé pour la cause des femmes, pour celle des Juifs ou pour éveiller les enfants, mais d'abord et avant tout, elle croit dans la nécessité d'éduquer les humains pour améliorer le monde.

Quand on dit à Judy Chicago qu'elle transmet des messages, elle n'est pas d'accord. «Je ne suis pas une artiste à messages, dit-elle. Je suis une artiste qui utilise des moyens de communication et des techniques pour exprimer des choses.»

Elle raconte qu'un jour où, dans un musée, elle parcourait avec des enfants sa série de mains et de poings sculptés dans le verre et peints (que l'on verra à Montréal), une élève a bien saisi ce qu'elle voulait exprimer.

«Je leur avais demandé ce qu'ils voyaient dans l'oeuvre et ce qu'elle signifiait pour eux et il y a eu cette petite fille qui regardait la main, les flammes peintes et elle m'a dit que cette impression de puissance et en même temps de transparence, peut-être que cela signifiait combien la puissance est fragile? J'ai trouvé que c'était vraiment une lecture formidable pour une si petite personne. Que cette pièce de la série puisse faire ressortir ce sentiment m'a rendue très heureuse.»

Depuis 40 ans, Judy Chicago a créé dans toutes les formes d'art, que ce soit la peinture, le bronze, la céramique, la tapisserie, le dessin, la pyrotechnique et bien sûr le verre. À chaque fois, son choix a une signification car, dit-elle, chaque technique a son propre potentiel d'expression.

«La couture et les travaux d'aiguille adoucissent le contenu à cause de la nature même du textile et du réseau de mailles, dit-elle. J'ai adoré faire The Dinner Party avec la peinture chinoise sur les céramiques car c'était vraiment associé aux travaux des femmes donc j'utilisais une technique féminine pour illustrer une histoire féminine. Le bronze a une histoire héroïque donc je l'ai utilisé pour parler de puissance et de masculinité.»

En 2003, elle est allée étudier différentes formes de travail sur le verre à la Pilchuck Glass School, près de Seattle. De cette formation est issue la série de sculptures de mains en verre qu'elle a surtout créée depuis trois ans et qui est exposée à Montréal.

Le verre est un matériau qui présente plusieurs défis, dit-elle. Il faut préparer le moule, le sculpter, créer un négatif de la pièce, faire fondre le verre puis laisser refroidir très très lentement. Elle a utilisé des techniques qu'elle a apprises quand elle faisait des bronzes ou qu'elle peignait de la porcelaine. Finalement, dit-elle, on obtient un objet «aux formes assez simples qui cachent la complexité du processus de création et la complexité des idées».

Charmée par le potentiel du verre, elle entend s'y consacrer encore, notamment pour créer des oeuvres à partir de verre fondu et de verre fondu combiné à du bronze. «Je présenterai ces oeuvres-là l'an prochain en Californie», dit-elle.