Après une décennie de muséologie en France, Michel Côté revient à «son» Musée de la civilisation, celui de Québec, où il a été directeur des expositions de 1987 à 1999. Aujourd'hui, il en est devenu le directeur général, et c'est avec de grandes idées qu'il entame son mandat. Sous sa direction, le musée abordera les «questions citoyennes» et les grands débats mondiaux, comme l'immigration, les frontières, l'énergie, la santé, les autochtones, tout en continuant de s'intéresser à l'art, à l'histoire et aux sciences humaines.

Le Musée de la civilisation de Québec va élargir ses horizons et ratisser plus large sous la houlette de son nouveau directeur général, Michel Côté. Alors qu'il débordera des sciences humaines pour embrasser les autres sciences, qu'il intégrera les questions religieuses aux enjeux politiques et touchera à l'art à travers l'histoire, le Musée de la civilisation de Michel Côté sera plus actuel et plus universel.

«Pour comprendre la complexité de notre monde, nous avons besoin de toutes les disciplines et de tous les savoirs. Notre musée, qui est un musée de l'homme, ne pourra éviter d'aborder des questions comme l'immigration, les sociétés autochtones, les problèmes frontaliers, la crise énergétique, l'atome, la religion, la santé, la mode, le design, l'art inuit...» énumère le successeur de Claire Simard.

Michel Côté est conscient que plusieurs de ces disciplines intéressent également le Musée national des beaux-arts du Québec, qui possède par exemple une imposante collection d'art inuit (collection Brousseau), et qui vient tout juste de présenter une exposition sur l'évolution de la mode vestimentaire au XXe siècle.

«Si les expositions du Musée de la civilisation touchent parfois à l'art, il est normal que le Musée des beaux-arts s'intéresse aux phénomènes sociaux comme la mode et le design, qui auraient très bien pu être traités dans nos salles. J'accepte que les autres jouent le même jeu, non dans un esprit de concurrence, mais de complémentarité. Nous pouvons nous renvoyer la balle et imaginer, par exemple, deux expositions simultanées: l'une chez nous, sur la civilisation japonaise, et l'autre au MNBAQ, sur l'art japonais», se met à rêver Michel Côté, qui constate: «On ne peut couper au couteau les champs de compétences des uns et des autres.»

Le sort des autochtones

Michel Côté est préoccupé par les grands débats de notre temps. Il s'intéresse particulièrement au sort des autochtones, chez nous comme ailleurs dans le monde. On se souvient qu'il a lancé l'exposition Inuit. Quand la parole prend forme, qui a fait courir les foules à Québec, Paris, Lyon et Toulouse.

«Il existe dans le monde plus de 350 millions de groupes autochtones, dont le destin est parfois tragique. J'aimerais approfondir cette question fondamentale pour l'humanité. Je me propose de présenter une exposition sur les aborigènes d'Australie en faisant le lien avec les Amérindiens. Et comme dans le cas des Inuits, c'est par l'art que l'on pourrait aborder les aspects humanitaires, sociaux et politiques de ce phénomène.»

Michel Côté, qui a travaillé à la Cité de l'immigration de l'autre côté de l'Atlantique, est très sensible à ces questions: «J'ai vécu en France pendant 10 ans, et j'ai pu y constater l'importance du problème maghrébin. À l'est, l'indépendance du Kosovo a ajouté 14 000 km de frontières en Europe. Aux États-Unis, il y a le problème de l'immigration illégale venue du Mexique, qui pose aussi la question des frontières. Il faut qu'un musée comme le nôtre ait le courage de traiter de questions citoyennes!»