Des commentaires irrévérencieux attribués à Joseph Staline griffonnés sur des dessins de nus: c'est le thème de l'exposition inédite qui s'est ouverte vendredi à Moscou en plein préparatifs pour le 130e anniversaire de la naissance de l'ex-dictateur soviétique.

Intitulée Messages du grand leader: les autographes de Staline, cette exposition présente des reproductions d'oeuvres d'art du XIXe et XXe siècle agrémentées de commentaires tracés au stylo par le Petit père des peuples, faisant référence à ses camarades du Parti.

«Ce salaud rouquin de Radek, s'il n'avait pas pissé face au vent, s'il ne s'était pas mis en colère, il serait en vie», a-t-il ainsi écrit par dessus la jambe d'un imposant nu masculin.

Ce commentaire fait apparemment allusion à Karl Radek, ancien chef du Komintern, l'organisation communiste internationale créée par les bolchéviks, et qui a probablement été assassiné par la police secrète de Staline en 1939.

Les oeuvres exposées ont été sauvées par des membres du service de sécurité de Staline, ont indiqué les organisateurs, qui gardent le silence sur l'identité de leur propriétaire. La galerie Marat Guelman, l'une des premières à avoir surgi dans la Russie postsoviétique et l'une des plus prestigieuses de Moscou, a été chargée de les présenter.

Le vernissage survient à quelques jours du 130e anniversaire de la naissance de Staline, et en pleine controverse dans le pays sur la popularité de l'ancien dictateur, à la fois célébré pour la victoire de l'URSS lors de la Deuxième Guerre mondiale sous son commandement et accusé d'avoir conduit des millions de personnes à la mort.

Pour prévenir toute accusation de falsification, les organisateurs ont également affiché le certificat signé par un expert en graphologie du ministère de l'Intérieur, qui a examiné les inscriptions et garanti leur authenticité.

La plupart des dessins, au nombre d'une vingtaine, sont signés d'un ostentatoire «J. Staline».

La collection «a été conservée par des membres des familles, de gens qui ont autrefois travaillé avec Staline, des gardiens. Il s'agit d'archives personnelles d'employés du KGB», a souligné l'un des organisateurs, Viktor Tourchatov.

Les exemplaires des dessins ont été imprimés à la fin des années 40, ce qui signifie que Staline a écrit ses commentaires à une époque où il était déjà âgé, souligne-t-il.

«On a là des flashes venus de son subconscient. Staline parle avec ses anciennes connaissances, ses amis, partenaires et camarades du parti, tout comme beaucoup de gens parlent à des photographies. Mais là, il est même en correspondance avec eux», souligne-t-il.