Lionel Richie est un fan. Le designer Domenico Dolce, la moitié de Dolce&Gabbana, aussi. Le langage visuel de Corno parle aux gens du monde entier et de tout acabit: étudiants, stars baby-boomeuses, gens d'affaires. Après Singapour et Dubaï, et avant Hong-Kong, la pétillante et bûcheuse Corno a fait un arrêt à Londres cette semaine.

Joanne Corno applique du vernis sur ses ongles dans le bar du chic hôtel Westbury, à Mayfair, un des quartiers les plus chers de Londres. Pas de temps pour la manucure, alors pas de chichi.

 

À une heure de son premier vernissage dans la capitale britannique, la peintre rock'n'roll n'a pas de papillons dans l'estomac. «Ma performance est faite. Je veux juste avoir du fun et jaser avec mes fans», dit Corno, vêtue d'un ensemble Armani, les cheveux vaporeux.

Ses adeptes, un mélange d'amis et de collectionneurs d'art, étaient au rendez-vous mercredi dernier. La galerie Opéra, rue New Bond Street, fourmillait de socialites élégants. Le directeur de la galerie londonienne faisait le va-et-vient dans la petite foule.

«C'est un show très attendu, dit Jean-David Malat. Nous avons vendu un tableau avant même son ouverture. Ça plaît beaucoup.»

Peintre des stars

Un de ses clients, Robert Mackay, demandait à voir plus de toiles depuis quelques années. «J'ai vu par hasard un Corno et je l'ai acheté sur-le-champ. Les lèvres pulpeuses et les couleurs vibrantes m'ont happé. J'ai très hâte de voir cette série», dit l'homme d'affaires de 39 ans en entrevue téléphonique.

Le designer italien Domenico Dolce a vu en avant-première son nouveau travail. L'imprésario Louis Walsh a aussi apprécié. Le millionnaire est juge aux côtés de Simon Cowell à l'émission The X Factor, sorte de Star Académie.

Les amateurs qui n'ont pas eu cette chance scrutaient les visages boudeurs mercredi, évalués entre 24 000 et 48 000 dollars canadiens.

Les nouveaux portraits sont plus audacieux, plus libres. Facing Red, par exemple, aux lignes abstraites, signale un nouveau départ.

«On sent davantage son individualité, dit Luis Munoz, un acheteur de 41 ans pour des collectionneurs privés. Elle ose, elle brise les règles. Je suis tenté de me l'offrir.»

«J'explore, confirme Corno. Je m'éloigne du figuratif.»

500 tableaux vendus

Peu importe sa direction, les adeptes de Corno la suivraient jusqu'au bout du monde. Son style nord-américain cartonne en Europe.

«Peindre en grand format, c'est très new-yorkais, dit Jean-David Malat. Peu d'artistes le font.»

Le fondateur de la galerie Opéra, établie dans une douzaine de capitales, confirme son attrait universel. «Nous avons vendu 500 tableaux en 10 ans, dit Gilles Dyan. Les gens adorent son style original, facilement identifiable. La clientèle est diversifiée, ça va de célébrités comme Lionel Richie à des étudiants qui me paient en 20 versements.»

Le seul problème, c'est qu'elle n'arrive pas à fournir à la demande. «Il faudrait que j'aie deux autres mains, dit Corno. Je produis une trentaine d'oeuvres par année. Je travaille tout le temps. Si je n'aime pas une toile, elle ne sort pas de mon studio.»

À la suggestion qu'elle doit rouler sur l'or, la femme de 57 ans montre son côté terre à terre. «Oui et non. Je réinvestis beaucoup dans mes projets. Si je ne me lève pas le matin, je n'aurai pas de chèque à la fin du mois. Il faut que je sois disciplinée. Je n'ai plus 20 ans.»

Le lendemain du vernissage, Jean-David Malat confirme que les affaires ont été bonnes. Sur quinze oeuvres, six ont déjà été achetées, deux autres ont été réservées. Un client a aussi commandé un portrait de sa femme signé par la peintre québécoise. «En temps de crise, c'est pas mal du tout. Je suis très content», dit le galeriste.