L'Espace Création de Loto-Québec n'a jamais aussi bien porté son nom. La galerie présente jusqu'au 6 septembre une soixantaine d'oeuvres de la collection de la société d'État dans le cadre original d'ateliers d'artistes.

Deuxième de trois présentations des oeuvres de la collection Loto-Québec qui a 30 ans, L'oeuvre et la manière se veut une exposition accessible qui fascinera le public non habitué des lieux de travail des artistes.  

Cinq d'entre eux, Martin Bureau, Tom Hopkins, Alexandre Masino, Jean-Pierre Morin et François Vincent, ont accepté de fournir des outils de travail - brosses, pinceaux, tubes de couleur, toiles - qui ont permis au conservateur, Louis Pelletier, de concocter une délicieuse présentation d'atelier, incluant un certain joyeux bordel.

 

Cette scénographie intelligente comprend également des photos et des vidéos où les artistes se confient sur leur travail, ses bons et ses mauvais côtés, comme rarement ils le font en public ou même en entrevue.

 

En outre, les oeuvres présentées composent un corpus plus impressionnant que la première exposition consacrée à la collection d'État, qui s'intitulait Nomade.

Nonobstant le fait qu'il s'agit de la collection d'un organisme public, ce qui présente certaines contraintes, les choix du conservateur ne débordent pas toujours d'audace. Mais Louis Pelletier a assemblé cette fois une palette plus éclectique et éclatée de sculptures et de peintures qui s'insèrent dans la démarche de l'exposition.

 

Il faut dire que les pièces présentées sont en général plus récentes, mis à part les coulages en aluminium de Jordi Bonet, et qu'elles sont le fait de jeunes artistes qui font leur marque depuis une dizaine d'années ou parfois moins.

 

C'est le cas notamment de Marc Séguin, Dominic Besner, Martin Bureau, Annie Cantin, Luc Courchesne et Jean-Louis Émond. Les sculptures de Jean-Pierre Morin et les tableaux de François Vincent et de Tom Hopkins (superbe Self Portrait with a Mango) représentent aussi de belles additions à la collection.

 

Par contre, les oeuvres plus récentes de Ludmila Armata sont beaucoup plus représentatives de son progrès comme artiste que les huiles de la collection Loto-Québec. Comme quoi rien n'est parfait.

 

Mais le propos de L'oeuvre et la manière est ailleurs. Du côté de ce mariage impossible mais incontournable entre créativité et production, entre intime et public, l'exposition fait oeuvre utile. Privilégiés, les spectateurs seront à même de mieux comprendre les artistes contemporains et leurs moyens d'expression.