Les millions d'euros ont continué à s'accumuler au deuxième jour de la vente aux enchères, à Paris, de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, consacrée mardi aux tableaux anciens, aux objets d'art et au mobilier Art déco, avec de nouveaux records mais des résultats contrastés.

Un Géricault (Portrait d'Alfred et Elisabeth Dedreux) est parti au prix record de 9 millions d'euros (avec frais) alors que quatre autres toiles du maître du XIXe, proposées quelques minutes après, restaient invendues.

«C'est une question de date dans la carrière d'un artiste», estimait Daniela Luxembourg, une courtière en art de Londres et de New York, partie quant à elle pour «un client privé» avec un Frans Hals très disputé, à 3,5 millions d'euros (avec frais).

Ironie de la vente, le Géricault a été acheté par le marchand d'art français Alain Tarica qui avait vendu il y a 25 ans cette même toile au couturier Yves Saint Laurent et à l'hommes d'affaires Pierre Bergé, ainsi qu'un Arnold Bocklin acheté à plus de dix fois son estimation, à 409 000 euros (avec frais).

Si Ingres et Gainsborough ont été très disputés (partis à 2 millions et 2,2 millions d'euros), un Pieter de Hooch et un Baron Gros sont restés invendus.

La toile d'Ingres (Portrait de la comtesse de La Rue) a réalisé un record mondial - 2 millions d'euros avec frais - tout comme un de ses dessins André-Benoît Barreau, dit Taurel, record mondial pour une oeuvre sur papier à 913 000 euros, avec frais.

Au total, les 18 tableaux anciens vendus ont rapporté 22,2 millions d'euros (avec frais).

La vente de la collection du couturier français décédé en juin et de celui qui fut son compagnon, l'homme d'affaires Pierre Bergé, s'est poursuivie avec l'orfèvrerie ancienne, pour un montant total 19,9 millions d'euros (avec frais), la plupart des pièces triplant ou quadruplant leur estimation.

Avec plus de 206 millions d'euros de produit de vente récoltés lundi soir, la vente organisée par Christie's a déjà battu le record de la plus importante dispersion d'une collection privée au monde.

Mercredi, elle s'achève avec la vente très attendue de deux bronzes chinois, en dépit de l'insistance de Pékin à demander leur restitution.

Ces deux têtes de bronze, estimées à dix millions d'euros chacune, provenant du sac du palais d'été à Pékin en 1860, seront mises aux enchères après le rejet lundi par la justice française d'un recours visant à empêcher leur vente.

Pierre Bergé s'est déclaré «absolument prêt à donner» les deux pièces à la Chine en échange des «droits de l'Homme, la liberté au Tibet» et le retour du dalaï lama à Lhassa.

«Enfreindre les droits culturels du peuple chinois au nom des droits de l'Homme, c'est tout simplement ridicule», ont répondu les autorités de Pékin par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Une partie de la presse chinoise dénonçait mardi un «chantage politique» de la part de M. Bergé.

Pour la deuxième journée de vente, la salle était moins remplie, avec un public plus jeune, moins visiblement fortuné. La nef du Grand Palais était accessible librement, contrairement à la veille, où elle était soumise à réservation.

Une troisième vacation devait débuter en toute fin d'après-midi, concernant une importante vente de mobilier d'arts décoratifs du XXe siècle. Les pièces les plus notables sont des banquettes signées Miklos (estimées à 2 à 3 millions d'euros), un «fauteuil aux dragons» (2 à 3 millions d'euros) d'Eileen Gray, un meuble de cette même styliste (3 à 5 millions d'euros) ou deux grands vases de Jean Dunand (1 à 1,5 millions d'euros).