La collection Loto-Québec fête ses 30 ans en 2009. Pour le souligner, la société d'État présente une exposition, Nomade, regroupant une centaine d'oeuvres de 78 artistes, qui fera le tour du Québec. Premier arrêt, Montréal.

Tous les Québécois connaissent Loto-Québec. Peu d'entre eux, par contre, savent que la société d'État a acquis, pendant 30 années, l'une des plus importantes collections d'art visuel qui existe chez nous.

 

Depuis 1979, Loto-Québec a, en effet, acquis plus de 4000 oeuvres de plus de 1000 artistes québécois, formant un véritable pan de l'histoire des arts visuels d'ici. En outre, les oeuvres de la collection sont très «vues» puisqu'elles ornent les murs des bureaux des employés de même que des lieux d'affaires et publics de Loto-Québec, comme les casinos.

«Elle existe pour être vue, explique le conservateur de la collection, Louis Pelletier. Elle n'a pas été constituée pour rester en voûte, mais pour accompagner les espaces de travail. Ça fait partie du patrimoine culturel québécois.»

Les employés de Loto-Québec sont au coeur de ce projet vieux de 30 ans. Ils font partie des jurys d'acquisition, avec le conservateur et des artistes invités. Et le fait de vivre avec les oeuvres ne change pas le monde, mais...

«Quelques-uns sont devenus des collectionneurs. Côtoyer les tableaux change la vision de plusieurs autres. Je crois que ça aide à développer la créativité», explique M. Pelletier.

La collection Loto-Québec comprend des oeuvres de la plupart des grands maîtres québécois, Suzor-Côté, Fortin, Leduc, Ferron, Pellan, Riopelle, Molinari, Goodwin, mais d'artistes plus récents et de la relève aussi, Jacques Hurtubise, François Vincent, Tom Hopkins, Martin Bureau, Pascale Poulin et David Altmejd, entre autres.

Louis Pelletier avait donc l'embarras du choix pour Nomade, l'exposition du 30e anniversaire qui, comme son nom l'indique, se promènera partout au Québec. La porte-parole de l'événement, la comédienne Sophie Faucher, se dit ravie de participer à la présentation d'un «tel trésor».

400 000$ par année

L'aventure a commencé par la tenue, en 1979, d'un concours national d'estampes et une toute première oeuvre achetée, celle d'un jeune artiste à l'époque, Louis Pelletier.

«Il n'y avait rien de prémédité au départ. Le tout s'est fait grâce à des gestionnaires éclairés», raconte celui qui est devenu conservateur de la collection par la suite.

Dès 1985, Loto-Québec a adopté une politique à l'égard des oeuvres, c'est-à-dire consacrer un centième de 1% de ses revenus à l'acquisition. En 2009, cela veut dire 400 000$ par année et autour de 200 nouveaux achats.

«C'est inchangé comme politique, car c'est la volonté de l'entreprise, souligne Louis Pelletier. Ça permet de nous mettre à l'abri des périodes économiques difficiles.»

En outre, Loto-Québec n'achète pas les oeuvres au rabais. Comme société d'État, il ne saurait être question non plus d'agir pour tenter d'influer sur le marché de l'art.

«Nous payons le juste prix en achetant souvent des artistes ou des galeries qui les représentent», insiste M. Pelletier.

Mais Loto-Québec n'est pas à l'abri d'écarts de conduite possibles ou d'achats douteux, comme ce fut le cas lors du règne du président Gaétan Frigon et de ce qu'il est convenu de nommer l'épisode des «cabanes à sucre», au début des années 2000.

Depuis, des règles strictes de conduite et d'éthique ont été adoptées par le conseil d'administration. Le conservateur reste seul maître à bord, à l'écart des influences que des dirigeants pourraient tenter d'exercer, mais en gardant l'esprit ouvert, assure-t-il.

«Avant d'aller en comité d'acquisition, je présélectionne des oeuvres d'artistes qui sont clairement dans un processus de recherche et de création. Il y a des pièces dans la collection que je n'aurais pas achetées pour moi. Ce n'est pas ma collection. Elle appartient à tout le monde», conclut Louis Pelletier.

Nomade, l'exposition du 30e anniversaire de la collection Loto-Québec, est présentée à l'Espace création Loto-Québec jusqu'au 3 mai.