L’annulation du festival Juste pour rire l’été prochain est un appel à la vigilance pour que d’autres grands évènements de la métropole ne subissent pas le même sort, s’inquiètent des organismes montréalais spécialisés dans le tourisme et l’économie.

« C’est sûr qu’on a été perturbés, vraiment, par l’annonce [de Juste pour rire] », confie Manuela Goya, vice-présidente au développement de la destination et aux affaires publiques pour Tourisme Montréal.

Déçus aussi de voir que les répercussions de la pandémie ont eu « raison d’une institution », ajoute-t-elle en entrevue.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La vice-présidente au développement de la destination et aux affaires publiques pour Tourisme Montréal, Manuela Goya

Juste pour rire était une « brique dans la fondation de la métropole », selon Mme Goya. En l’enlevant, c’est l’équilibre de l’édifice qui se précarise.

En 2023, plus de 1,3 million de spectateurs ont participé au festival Juste pour rire à Montréal. De ce nombre, environ 190 000 personnes étaient des touristes venus expressément pour l’évènement.

Les retombées économiques s’élevaient en moyenne à 33 millions de dollars par édition dans la métropole, tous secteurs confondus.

« Mais au-delà des chiffres, [Juste pour rire], c’est une institution qui façonne en quelque sorte notre identité, affirme Mme Goya. Avec l’annulation, il y a la crainte des perspectives de perte de réputation, de rayonnement. »

Une culture en péril

Et si d’autres festivals tombaient aussi au combat ? s’inquiète Tourisme Montréal.

Un souci que partage la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. « Nos festivals souffrent et les salles s’essoufflent. La culture est fragile. Il faut préserver l’ADN de notre métropole », a réagi sur X l’organisme montréalais, qui n’était pas disponible pour une entrevue mardi.

Une réflexion collective s’impose pour voir si le modèle des festivals montréalais est toujours viable, renchérit Manuela Goya.

Un modèle de gratuité – où on peut déambuler comme ça dans le centre-ville d’une grande métropole et ne rien payer pour les spectacles extérieurs –, ça fait partie de notre identité. Mais structurellement parlant, il faut qu’on se pose la question si le modèle tient toujours.

Manuela Goya, vice-présidente au développement de la destination et aux affaires publiques pour Tourisme Montréal

La remise en question devrait impliquer tant le gouvernement et la Ville de Montréal que les entreprises privées, estime-t-elle.

Depuis la pandémie, les coûts liés à ces évènements ont bondi, rappelle la vice-présidente. « Juste pour les clôtures de sécurité, les prix ont augmenté de 20 % à 30 %, et on ne parle même pas des scènes et de l’éclairage. »

Montréal a construit sa réputation de « ville de festivals » pendant des années, voire des décennies, souligne Mme Goya.

« On ne voudrait pas que la vague [de difficultés économiques] soit tellement importante que ça vienne jouer sur notre réputation. C’est pour ça qu’on est préoccupés. »