Le 98,5 FM fera une plus grande place aux voix féminines l’automne prochain. Elisabeth Crête succédera à Paul Houde les week-ends, Catherine Brisson animera une nouvelle émission culturelle, et Chantal Lamarre et Marie-Ève Tremblay hériteront d’un micro.

Joint au téléphone, le vice-président des stations parlées de Cogeco et directeur général du 98,5 FM Montréal, Pierre Martineau, parle d’une « certaine passation des pouvoirs ».

« La société, c’est 50 % d’hommes et 50 % de femmes. Mais ce n’est pas ce qu’on avait en ondes. Et pourtant, au bureau, je suis entouré de femmes. La présidente, la directrice des programmes, la directrice des communications… Ce sont toutes des femmes. »

Chroniqueuse médias sociaux chez Paul Arcand, Elisabeth Crête remplacera Paul Houde les samedi et dimanche en matinée. Le contrat de l’animateur, qui sévissait en ondes depuis 15 ans, n’a pas été renouvelé. Elisabeth Crête pilotera un nouveau rendez-vous intitulé Même le week-end. Elle sera épaulée par Chantal Lamarre, qui décrit son rôle comme celui d’une « alliée », d’une « rebondisseuse », d’une « ricaneuse » et d’une « porteuse de savoir ». Jérémie Rainville, des Amateurs de sports, fera également partie du groupe.

PHOTO FOURNIE PAR CHARLES MERCIER

Chantal Lamarre

Fans d’Infoman, rassurez-vous : Chantal Lamarre n’abandonnera pas Jean-René Dufort, pas plus qu’elle ne délaissera les commandes de Culturama sur ICI ARTV. « J’ai encore l’énergie et j’ai encore le goût, donc allons-y ! », s’exclame-t-elle à l’autre bout du fil.

Pour sa part, Marie-Ève Tremblay quitte Radio-Canada pour grossir les rangs de Drainville PM comme collaboratrice principale. Elle traitera de sujets « humains » qui touchent l’actualité. Elle devrait également effectuer des remplacements comme animatrice pendant les vacances, nous informe-t-on.

En entrevue, la journaliste derrière Sugar Baby, une balado sur l’exploitation sexuelle, précise qu’elle quitte le diffuseur public en bons termes. Après 10 ans de loyaux services, elle avait envie d’un nouveau défi et, surtout, d’une présence quotidienne en ondes.

« Le 98,5, c’est une station que j’aime beaucoup. J’admire les gens qui y travaillent. C’est un choix naturel pour moi. Je ne serais pas partie pour aller n’importe où. J’ai eu d’autres offres, mais ça collait moins. »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Marie-Ève Tremblay

Quant à Catherine Brisson, elle pilotera En coulisses, un magazine culturel de 90 minutes qui sera présenté le vendredi soir de 18 h 30 à 20 h, un créneau présentement occupé par Parlons-nous santé avec Christiane Laberge, une émission qui n’a pas été reconduite.

« Ça fait longtemps qu’on n’a pas eu d’émission culturelle au 98,5, souligne la chroniqueuse à Puisqu’il faut se lever. Mon but, c’est de donner la parole aux créateurs pour donner le goût aux gens d’aller au théâtre, de retourner voir des shows, d’acheter des livres… Pas seulement de rester chez eux et d’écouter Netflix. Je veux faire le tour de tout ce qui se passe à Montréal, mais aussi en région, parce qu’on va être diffusé partout au Québec. »

« Un pas en avant »

Chantal Lamarre, Marie-Ève Tremblay et Catherine Brisson saluent la stratégie du 98,5 FM, qui souhaite donner plus d’espace aux femmes.

Depuis quelques années, la station propose une grille résolument masculine. En semaine, du réveil jusqu’au souper, Paul Arcand (Puisqu’il faut se lever), Bernard Drainville (Drainville PM) et Patrick Lagacé (Le Québec maintenant) tiennent le volant. Seule Nathalie Normandeau, avec ses deux heures de radio quotidienne en deuxième moitié d’avant-midi, empêche l’offre de jour d’être un véritable boys club. L’ex-vice-première ministre du Québec est entrée en fonction en août 2021, en remplacement d’Isabelle Maréchal, qui occupait ce poste depuis 13 ans.

« Ça fait longtemps que j’en parle, déclare Catherine Brisson. C’est le temps d’avoir des femmes de tête, des femmes de caractère avec des choses à dire. J’en fais partie. Nathalie Normandeau en fait partie. Isabelle Maréchal en faisait partie. Les filles sont capables de faire une mosus de bonne job en animation. »

Qu’une station au top décide de faire une place aux voix féminines, c’est un pas en avant.

Marie-Ève Tremblay

« Les patrons ont peut-être envie de proposer une variété, une pluralité de voix, ajoute Chantal Lamarre. Ils veulent ouvrir grand les fenêtres et rafraîchir quelque chose, j’imagine. »

Cette vague de recrutements se préparait depuis quelque temps, affirme Pierre Martineau. Il ne s’agit pas d’une réaction aux sondages radio. L’hiver dernier, le coup de sonde de Numéris a révélé une percée d’ICI Première à Montréal. Le 98,5 FM conservait sa première place avec une part de 22,8 %, mais l’antenne de Radio-Canada atteignait un nouveau sommet avec 18,3 %.

« C’est difficile de recruter des femmes d’opinion, des femmes qui veulent s’investir en radio parlée, déclare le directeur du 98,5 FM. Ce n’est pas toujours évident de trouver les bonnes personnes aux bons endroits. Mais dernièrement, tout est tombé en place. »

Le travail n’est pas terminé, souligne Pierre Martineau. D’autres annonces sont attendues au cours des prochains mois.