On oublie parfois qu’entre Montréal et Toronto, hauts lieux de la musique orchestrale au nord du 49parallèle, la tranquille capitale canadienne couve un joyau qu’on gagnerait à entendre plus souvent. Le sixième enregistrement de l’Orchestre du Centre national des arts réalisé depuis l’arrivée de son directeur musical Alexander Shelley, en 2015, constitue une autre magnifique vitrine sur le louable travail de la phalange ottavienne.

Tout frais sorti des presses d’Analekta, le nouveau bébé de l’ensemble est le deuxième d’une série de quatre opus consacrés à Brahms et aux époux Schumann, une association tout à fait naturelle quand on connaît les relations étroites qu’entretenaient les trois musiciens.

Si le premier disque, sorti au début de la pandémie, réunissait les premières symphonies des deux hommes et le Concerto pour piano de Clara, le deuxième enchaîne logiquement avec les symphonies suivantes, accompagnées d’une intelligente sélection de lieder de la compositrice.

L’acoustique assez sèche de la salle Southam du CNA, où les symphonies ont été enregistrées en 2018, autorise une prise de son assez chirurgicale qui, jumelée à la mise en valeur experte de la partition réalisée par le chef, permet de bien saisir toutes les subtilités de ces deux chefs-d’œuvre du romantisme allemand. Si la polyphonie en bénéficie, on en perd toutefois un peu dans les aigus, passablement aplanis (les violons et les flûtes manquent un peu d’air pour s’épanouir).

Sinon, les tempos choisis par Shelley sont souvent sur le versant plus rapide que lent, notamment dans le Scherzo du Schumann, qu’on se réjouit d’entendre joué vraiment « allegro vivace ».

On trouvera peut-être l’Adagio de la même œuvre un brin précipité au premier abord, mais on s’y fait vite, surtout avec les dons de chanteur de Shelley. Prises à bras-le-corps, les finales des deux symphonies sont de véritables fêtes où brillent les musiciens du CNA.

Chantés par la soprano Adrianne Pieczonka (avec Liz Upchurch au piano), les magnifiques lieder de Clara Schumann bénéficient d’une diction claire et d’un engagement émotionnel palpable de la chanteuse canadienne, dont la voix large sied cependant peut-être davantage à Wagner et Richard Strauss qu’au premier romantisme allemand.

Clara, Robert, Johannes. Échos lyriques

Musique classique

Clara, Robert, Johannes. Échos lyriques

Alexander Shelley et l’Orchestre du Centre national des arts

Analekta

8/10