Pas eu besoin de consulter Nostradumas, ce bougre un peu gâteux, pour prédire les gagnants de la demi-finale de La voix hier soir. En excluant l’équipe d’Éric Lapointe, la plus faible des quatre, l’issue des affrontements se devinait assez facilement.

Tiens, commençons avec la formation du rockeur bagué, qui opposait Jacques Comeau, 41 ans, de Dieppe, à Colin Moore, 40 ans, de Montréal. Impeccable jusqu’à présent, Jacques Comeau a été chancelant sur L’essentiel de Ginette Reno. Sa voix chevrotait et Garou a été incapable de lui formuler un compliment clair, sans patiner. Vraiment, le choix de chanson de Jacques lui a été fatal, car le public l’avait toujours soutenu massivement dans son ascension vers le grand prix.

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Colin Moore

Colin Moore, qui a récolté 72 % du vote populaire, n’a pas tellement plus brillé sur Tue-moi de Dan Bigras, dont il a hurlé les paroles du début à la fin. Je pensais que la cote d’amour de Jacques Comeau le sauverait de sa prestation très moyenne. Mais non. C’est Colin qui a progressé vers la finale.

Les deux candidates de Lara Fabian, Samantha Neves, 23 ans, de Gatineau, et Geneviève Jodoin, 41 ans, de L’Isle-aux-Coudres, ont offert les meilleurs numéros de cette soirée de 2 h 20 min. Samantha a oscillé entre fragilité et puissance sur Vole de Céline Dion.

Mais l’expérience et la maîtrise de Geneviève Jodoin ont eu le dessus. 

Sa chanson, Ne me quitte pas de Jacques Brel, n’était pas la plus originale, mais elle l’a traversée sans fausse note et avec une intensité bien dosée.

L’ancienne choriste de Belle et bum a ainsi obtenu 69 % d’appui chez les téléspectateurs. TVA a d’ailleurs annoncé hier que l’argent amassé grâce aux votes serait versé aux sinistrés des inondations par l’entremise de la Croix-Rouge. Beau geste d’entraide, ici.

C’est Vincent Chouinard, 22 ans, de Québec, qui a arraché le plus gros score de l’épisode d’hier : 80 %. Sans rien enlever à Vincent, son rival Gabriel Cyr, que Pierre Lapointe a rebaptisé le Kurt Cobain 2.0 (pas d’accord), n’a pas fait le poids, malgré une chanson très originale (Oublie pas de Karkwa).

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Vincent Chouinard

Étoile de l’équipe d’Alex Nevsky, Vincent Chouinard s’est accompagné au piano pour Une chance qu’on s’a de Jean-Pierre Ferland, qui se tenait à quelques mètres de lui. Il a l’air d’un petit prodige, ce Vincent. Confiant, jamais nerveux, on jurerait qu’il connaît déjà tout, pour paraphraser son coach.

Dans le camp de Marc Dupré, la vedette Rick Pagano, 27 ans, de Québec, a également été victime d’un douteux choix de chanson. Rêver mieux de Daniel Bélanger ne lui collait pas du tout. Et il l’a solidement abîmée avec sa voix éraillée.

Voir Rick Pagano, vêtu d’un complet couleur sarcelle, gesticuler, crier et sautiller sur un morceau aussi doux, ça ne fonctionnait pas. La « caresse de l’amour du public », pour citer Isabelle Boulay, s’est transformée en camouflet.

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Rafaëlle Roy

Sa coéquipière Rafaëlle Roy, 25 ans, de Longueuil, a repris Faufile de Charlotte Cardin, seule au piano. C’était mieux que Rick, mais légèrement agressant dans le registre du criage. Isabelle Boulay a qualifié Rafaëlle « d’enchanteresse pure », et je ne suis pas certain d’avoir encore saisi le sens de cette remarque poétique.

L’émission d’hier a été 100 % francophone, ce qui a fermé le clapet aux détracteurs se plaignant de l’omniprésence de l’anglais dans le télé-crochet de TVA.

En compagnie des huit demi-finalistes, Francis Cabrel, solide et stoïque, a offert un pot-pourri de ses grands succès, dont Encore et encore, Je l’aime à mourir et Sarbacane. Ce fut un joli moment de télévision, sobre et sans artifices inutiles.

Charles Lafortune a aussi annoncé hier l’intronisation de quatre anciens coachs au Temple de la renommée de La voix. D’abord, je ne savais pas qu’une telle institution existait. Ensuite, Ariane Moffatt, Marie-Mai et Louis-Jean Cormier y auraient bien plus mérité leur place que Jean-Pierre Ferland, qui a été le plus mauvais coach de La voix en sept ans, ce qui ne lui enlève aucunement ses talents d’auteur-compositeur-interprète.

Ça faisait du bien de revoir Garou, un entraîneur pertinent et amusant, qui a remporté La voix l’an passé avec Yama Laurent.

Et en entendant les Pierre Lapointe, Isabelle Boulay et Lara Fabian sur la scène des studios Mel’s, on se rend compte que les recrues ont des croûtes à manger avant d’aspirer au même statut. Une carrière durable, c’est long à construire. N’est-ce pas, Yoan Garneau, Kevin Bazinet, Valérie Carpentier, Stéphanie St-Jean et Ludovick Bourgeois ?