En dépit des critiques formulées par Safia Nolin et Martin Petit, Serge Postigo maintient les propos qu'il a tenus lors de son discours de remerciement au gala de l'ADISQ. « En deuil » du Gilbert Rozon qu'il croyait connaître, le comédien et metteur en scène dit souhaiter que les victimes n'aient plus peur de dénoncer leurs agresseurs.

Serge Postigo voudrait-il reformuler, voire retirer, ses déclarations de dimanche dernier, où il a entre autres demandé de ne pas laisser « l'horreur décider de l'avenir [des employés de Juste pour rire] à court et moyen terme » ? « Absolument pas », a-t-il répondu à La Presse lors d'une entrevue téléphonique.

M. Postigo affirme que sa déclaration visait à ce que les victimes puissent dénoncer leurs agresseurs sans avoir peur des conséquences. « Faisons en sorte de minimiser le nombre de victimes collatérales pour que d'autres victimes puissent parler sans avoir la culpabilité du poids de l'impact de leurs aveux. »

«Que des réactions positives»

Les propos du metteur en scène, qui a reçu le Félix du spectacle de l'année pour Mary Poppins, avaient été très mal accueillis par la chanteuse Safia Nolin, qui avait déclaré le soir même qu'ils n'avaient « pas leur place ».

L'humoriste Martin Petit avait quant à lui tweeté son désaccord avec la prise de position de Postigo. 

« Je comprends leur réaction, a affirmé ce dernier. Mais Safia nous a appris l'année dernière que par souci d'intégrité envers ce qu'on est et ce qu'on pense intrinsèquement, on n'avait pas à s'inquiéter de ce qui est convenable ou pas dans un gala. À partir de là, il faut qu'elle octroie aux autres le droit qu'elle s'octroie à elle. »

Le comédien a affirmé avoir reçu plus de « 300 courriels et textos, entre dimanche soir et [mardi] soir ». « Des remerciements, que des réactions positives. » 

Trois victimes de Gilbert Rozon l'auraient même contacté à la suite de son discours. « Je leur ai demandé pourquoi elles n'avaient pas parlé publiquement et elles m'ont répondu sensiblement la même chose : elles se sont dit que si elles dénonçaient ce geste-là, des centaines de personnes seraient "impactées", et cet agresseur ne mérite pas que tant de gens coulent avec lui. »

Un «deuil» difficile

Le comédien et metteur en scène siège au conseil d'administration de Juste pour rire, en plus d'avoir souvent collaboré avec l'organisation. Cela l'a amené à fréquenter le fondateur déchu de ce « marchand de bonheur ». Postigo dit se trouver dans un état d'esprit qui s'apparente au deuil.

« Le Gilbert Rozon qu'on décrit, ce n'est pas le Gilbert Rozon que j'ai connu. »

Des acheteurs étrangers ont signifié qu'ils souhaitaient acquérir Juste pour rire. « Pour moi, ce qui est important, ce n'est pas le nom de l'acheteur ou de l'organisation qui va acheter, ni même combien il va débourser ou combien d'argent Rozon et ses partenaires vont se mettre dans leurs poches », a souligné M. Postigo.

Son souhait, quant à la vente prochaine de l'organisation, est de la voir atterrir entre les mains de propriétaires dont les visées soient « dignes de l'impact social » de Juste pour rire.