«Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre», a dit le premier ministre Winston Churchill. Ça pourrait être la devise de Lorraine Pintal. Car cet automne, la directrice du TNM est plongée dans l'histoire et les horreurs nazies. En octobre, elle amorce les répétitions de l'adaptation théâtrale du Journal d'Anne Frank. La pièce sera à l'affiche du TNM du 13 janvier au 7 février 2015, avant de partir en tournée au Québec.

«À l'adolescence, j'avais deux modèles féminins: Bérénice de L'avalée des avalés de Réjean Ducharme; puis Anne Frank. Deux personnages de jeunes filles qui ont des points communs: elles sont dans la résilience, la survie», explique Pintal.

L'adaptation du Journal réalisée par l'auteur Eric-Emmanuel Schmitt montre le point de vue du père d'Anne, Otto Frank. La pièce commence en 1945, quand il apprend la mort de ses deux filles dans les camps. Alors, il va lire le journal intime d'Anne pour remonter le fil des événements de la guerre.

«Le propos de la pièce, c'est que l'art et la littérature vont sauver le monde et perpétuer la mémoire. C'est un très beau message, surtout aujourd'hui quand notre ministre de l'Éducation affirme qu'on n'a pas besoin d'acheter de livres pour les bibliothèques des écoles...»

Paf! Chassez la politicienne, elle revient au galop. La candidate péquiste de Verdun, défaite aux dernières élections provinciales, songe-t-elle à se représenter en 2018? «J'ai adoré l'expérience! La politique est une drogue, tout comme le théâtre. Je ne ferme pas la porte à un retour.»

Pour l'instant, elle se dit par contre très heureuse au TNM. «Pour moi, le théâtre restera toujours présent dans la Cité. D'ailleurs, mon expérience politique m'a amenée à imaginer cet automne la Journée de la culture comme une journée citoyenne.»

Le 28 septembre prochain, Mme Pintal invite donc le public à se rendre au TNM pour échanger avec l'équipe et dire ce qu'il attend du théâtre dans la société. «Dans le cadre de notre mandat, on veut dialoguer avec la population.»

Après tout, le théâtre est l'art de la Parole.

Les choix de notre invitée

LIVRE

Le chardonneret

«Prix Pulitzer 2014, le roman de Donna Tartt, Le chardonneret, tient de la haute voltige d'écriture. Elle se fait rare, cette chère Donna. On apprécie d'autant plus découvrir ses personnages, dont Théo Decker, Pippa et Boris. Une belle brique de 850 pages qui a l'éclat de la toile du Chardonneret de Carel Fabritius.»

CINÉMA

Ida

«Filmé en noir et blanc, ce long métrage du cinéaste polonais Pawel Pawlikowski rappelle la puissance des films de Wajda ou de Kieslowski. Quand la religion confronte la justice avec, pour toile de fond, la terrible extermination des juifs durant la Seconde Guerre mondiale.» Ida est offert en DVD.

THÉÂTRE

LeNoShow

«Présenté en mai dernier au FTA et repris récemment à Espace Libre, Le NoShow du Théâtre DuBunker et du collectif Nous sommes ici sera présenté au Périscope, à Québec, le printemps prochain. Textes incisifs, mise en scène percutante et jeunes artistes qui ont le courage de dénoncer les conditions dans lesquelles ils pratiquent l'art du théâtre.»

EXPOSITION

Le Centre commémoratif de l'Holocauste à Montréal

«C'est un secret bien gardé, compte tenu des trésors qu'il recèle. Ce musée regroupe des artefacts et des archives qui relatent la montée de l'antisémitisme dans les années 30 et jettent un éclairage frappant sur l'immigration juive à Montréal. Aussi, après avoir dévoré votre numéro spécial photos de La Presse+, mercredi dernier, je me suis promis d'aller voir l'expo World Press Photo ce week-end.»

MUSIQUE

Stromae

«Le chanteur belge Stromae, que les FrancoFolies nous ont fait découvrir en 2011. J'avoue avoir abusé de Formidable et Papaoutai tout l'été. J'ai ri, dansé, pleuré. Quel acteur-chanteur-performeur et quelle musique!»