Les jeunes artistes syriens ont choisi l'humour noir pour marquer Noël dans leur pays dévasté par une guerre meurtrière depuis bientôt trois ans.

Leurs illustrations diffusées sur internet évoquent toutes la tragédie que vit leur pays où plus de 126 000 personnes ont été tuées et des millions contraintes à fuir depuis mars 2011.

Une illustration particulièrement poignante de Sedki al-Imam, un graphiste, montre un père Noël traversant avec son traineau un ciel étoilé et bleu nuit mais son attelage est formé d'avions de combats plutôt que de rennes.

Et au lieu de cadeaux, le père Noël largue des barils de TNT, en référence aux raids aériens menés par le régime sur Alep (nord), ville d'origine du dessinateur. En 10 jours ils ont fait, selon une ONG, plus de 400 morts dont plus d'une centaine d'enfants.

Une autre illustration, signée Wissam al-Jazairi, montre un père Noël haut en couleurs effondré devant une rangée de tombes dans un cimetière enseveli sous la neige.

Il est triste car il n'a ni enfants à visiter, ni cadeaux à distribuer. Un simple commentaire l'accompagne: «Le père Noël et les enfants de Syrie».

Un dessin, signé A. Wardeh, représente des volutes de fumée noire s'élevant d'un énorme sapin de Noël noir, et une foule de personnes réunies dans une ville détruite.

Au dessus des nuages, apparaît une petite étoile, et à côté un petit avion. «Bachar al-Assad vous souhaite un joyeux Noël!», dit un message lapidaire.

La révolte contre le régime de Bachar al-Assad a débuté en mars 2011 et s'est transformée en guerre civile à la suite de la brutale répression des manifestations par les forces gouvernementales.

Selon l'ONU, la moitié des réfugiés syriens sont des enfants, et beaucoup d'entre eux vivent dans des conditions précaires dans des campements sauvages dans les pays voisins.

D'autres artistes ont eu recours à la musique pour diffuser leur message. Ainsi, une adaptation de l'indémodable Jingle Bells a circulé sur la Toile: «Réveillon, réveillon, les gens ont peur du bruit des bombes au loin».

«La paix est juste derrière la porte, nous aurons un arbre dans la maison, planté par les rebelles... nous voulons la liberté et un nouveau régime», poursuit la chanson.

L'auteur de ce Jingle Bells revisité, un militant de Hama du nom de Anas Mushmush agissant sous le nom de Mowgli, est mort en détention.