De longs cheveux d'ébène, une taille d'amazone, des jambes interminables juchées sur des talons aiguilles, des pommettes saillantes, une peau mate... Mesdames et messieurs, voici Lea T, mannequin-vedette du moment, muse de Riccardo Tischi (directeur de Givenchy) et l'une des créatures de rêve vues dans le dernier catalogue de la maison Simons.

Avec son physique spectaculaire, Lea T rivalise de plein droit avec les beautés fatales de la planète, depuis sa triomphale arrivée sur les podiums au milieu des années 2000. Mais sur le plateau d'Oprah Winfrey, en février 2011, la belle Brésilienne a toutefois confié un sidérant secret: son vrai nom est Leandro et elle est née fils de la vedette du soccer Toninho Cerezo.

«J'ai commencé à vivre comme une femme en 2005», a-t-elle révélé à Oprah, qui a questionné Lea T sur la réaction de son père sportif et de sa mère catholique, son orientation sexuelle et, hum, ses techniques pour dissimuler son appareil reproducteur masculin pendant les séances de photo en maillot de bain.

Après avoir posé dans son plus simple appareil dans le Vogue et embrassé Kate Moss à la une du magazine Love, Lea T a amorcé des traitements d'hormonothérapie en 2008 qui, a-t-elle dit à Oprah, ont arrondi ses hanches et adouci son odeur personnelle. L'été dernier, Lea T a subi une opération de réattribution sexuelle, événement largement rapporté dans les médias européens quand elle a ouvert le défilé printemps-été Philipp Plein, à la Semaine de la mode de Milan.

Même si l'histoire extraordinaire de la première mannequin transsexuelle de la planète a attiré l'attention des médias du monde entier, la maison Simons reste discrète quant à l'embauche de Lea T. Même que la direction refuse d'en faire tout un plat.

Joint à Edmonton, le PDG de la maison Simons, Peter Simons, a exprimé sa surprise quant à l'attention que suscite ce mannequin. «La vérité, c'est que je n'étais pas au courant: j'ai su qu'il s'agissait d'un mannequin transsexuel seulement quand j'ai vu les photos», affirme l'homme d'affaires de Québec, qui se dit toutefois «très à l'aise» avec ce choix. «Cela ne m'a pas dérangé du tout. Nous sommes dans le domaine de la mode, de la création, l'essentiel pour nous est de mettre en valeur les vêtements.»

La vie privée des mannequins, a ajouté Peter Simons, ne regarde personne. «La vie est compliquée, plein de gens vivent des choses difficiles. Cette femme a pris des décisions qui ne devaient pas être faciles. Il faut respecter les gens dans leur choix. Après, si elle est super professionnelle et fait bien son travail, c'est là le principal.»

Même son de cloche du côté d'Harry Tsantarolakis, directeur marketing de la maison Simons «On n'a pas cherché à faire une prise de position. Il n'y a jamais eu de discrimination chez Simons et nous n'essayons pas de promouvoir autre chose que la mode.»

La féminité de Lea T est à ce point convaincante que sa fougueuse présence dans les pages du catalogue Simons s'agence tout naturellement avec celle des autres mannequins. Elle déploie ses charmes brésiliens, tantôt dans un microshort qui accentue la longueur de ses jambes effilées, tantôt dans une robe dorée à paillettes.

Si l'homme est une femme comme les autres, Lea T est dans une classe à part.