Le 14e gala Femmes du cinéma, de la télévision et des nouveaux médias (FCTNM) a lieu ce soir au cinéma Excentris. L'événement salue cinq femmes qui travaillent dans autant de domaines liés à des champs artistiques. La Presse s'est entretenue avec les lauréates.

Véronique Marino

«Je suis très surprise. Ce n'est pas le genre de chose auquel je pense. Mais cela fait énormément plaisir», dit Véronique Marino, qui a potassé dans les méandres du web et en a vu les immenses possibilités avant beaucoup d'autres.

«J'ai une nature à aimer le développement des choses. Je fais partie de ceux qui débroussaillent», dit cette femme qui dirige le programme des médias interactifs de l'Institut national de l'image et du son (INIS) depuis 2004.

«Dans le côté technique, je travaille dans un monde d'hommes. Mais cela n'a jamais été un frein. Il y a une place importante pour les femmes dans ce domaine. Il suffit de ramasser son énergie et y aller.»

Marina Orsini

«Cet hommage est le plus beau à recevoir, toutes catégories confondues, parce que ça vient de mes pairs, ça vient des femmes. Je n'ai pas de soeurs dans la vie, mais c'est comme si mes soeurs m'offraient un cadeau, dit la comédienne. L'hommage du public est aussi très important. Mais sans la reconnaissance de ses pairs, on ne peut se rendre au public.»

«Si j'ai vu une évolution, c'est d'avoir été entourée d'hommes qui veulent que les femmes prennent leur place», ajoute la comédienne bien connue pour ses rôles dans Lance et compte, Les filles de Caleb et 30 vies.

Un rôle marquant? Lucille Teasdale, répond-elle. «À tout jamais, j'aurais aimé être cette femme. Son mari et elle sont partis d'un dispensaire de 12 lits en Ouganda pour en arriver au plus grand hôpital de l'Afrique équatoriale.»

Mireille Dansereau

«La reconnaissance de mon travail est très lente. Mon film La vie rêvée a maintenant 40 ans et on cherche les moyens de le rendre accessible. Mes films ont été peu étudiés au Québec. Ça s'est davantage passé dans le monde anglophone, dans des secteurs de Women Studies aux États-Unis ou encore à l'Université Concordia.»

Si la réflexion de la cinéaste Mireille Dansereau est dure, la voix est enjouée, optimiste, tournée vers l'avenir. À 68 ans, elle songe encore et toujours à son prochain projet.

«J'espère que cet hommage va me remettre sur la carte, car je veux faire un autre long métrage de fiction. La fiction, pour les femmes, c'est essentiel. Nous avons pris notre place dans le documentaire, mais il y en a encore peu pour l'imaginaire des femmes, donc la fiction.»

Kim McCraw

Codirigeante de la boîte micro_scope (Incendies, Monsieur Lazhar) avec Luc Déry, Kim McCraw est sans doute une des productrices les plus en vue du Québec. Elle estime que la place des femmes dans le milieu du cinéma s'est faite dans «la mouvance de la société».

Chez micro_scope, on fonctionne «par coups de coeur», dit-elle, en rappelant que trois des quatre films de la boîte actuellement en chantier seront réalisés par des femmes. Mais elle sait que ça n'a pas toujours été le cas. «Les Mireille Dansereau, Paule Baillargeon, Léa Pool et autres pionnières ont ouvert le chemin et je ne peux que les remercier», souligne la productrice, très honorée de l'hommage qu'on lui rend.

Sara Mishara

Directrice photo, Sara Mishara a su donner l'étoffe intimiste et délicate à des films québécois lumineux parmi lesquels Continental, un film sans fusil, En terrains connus, Tout est parfait et Roméo Onze.

Elle remarque qu'avec le temps qui passe, elle réalise l'importance d'événements comme le gala de FCTNM pour donner un coup de chapeau au travail des femmes dans ce métier.

Elle compare le travail de direction photo à un... mariage. «Avant de tourner, on fait de grandes préparations, on voit à tous les détails. Puis, le tournage arrive et ça devient très émotif. On marche à l'intuition. Et ensuite, avec le recul, on se rend compte que le plan de travail a été bien suivi.»