On a parfois l'impression (à tort) que les Québécois sont les seuls à se régaler, une fois la belle saison arrivée, de pièces estivales légères au ton grivois. Ici, on a le théâtre d'été. Alors que nos cousins de l'Hexagone, eux, font du théâtre de boulevard. L'accent est différent, mais la formule «rigolade sans se prendre le chou» est la même.

Drôle de fricassée qui mélange le sketch, le cabaret, la parodie, la marionnette et ose même quelques emprunts au théâtre musical, la pièce Miam Miam porte la signature de son maître d'oeuvre, le comique «multitâches» Édouard Baer.

Beau gosse qui sait jouer le pitre, Baer fait graviter autour de son personnage cette saugrenue affaire de théâtre qui se métamorphose en restaurant. Dès les premières minutes, on comprend que l'intention est de se moquer: des clichés du théâtre de boulevard, du sentiment de supériorité des Français, des préjugés envers les immigrants, de la prétention des artistes...

Ce n'est pas mal fait, la mise en scène est dynamique, les textes nous font souvent marrer (sans toutefois nous jeter par terre par leur profondeur), la distribution est excellente et les comédiens jouent sans fausse note. Il y a même quelques marionnettes délirantes qui volent la vedette et apportent un peu de lucidité dans le défilé de comédiens ratés, midinette naïve, vamp loufoque et autres singuliers personnages.

Un menu chargé, donc. Trop copieux, sans doute. De peur d'ennuyer, Baer a créé un spectacle échevelé, sans queue ni tête, qui va dans tous les sens et nous étourdit. Heureusement que de temps à autre, le tourbillon se calme un peu et nous offre quelques instants d'amusement. Mais pour la parodie, il rate un peu sa cible, avec la faiblesse des textes et une propension à l'humour peu subtil et gras qui, justement, l'associent au théâtre estival facile et peu subtil.

C'est bien amusant, déconstruire un genre, s'en moquer, jouer à faire de la création contemporaine avec une histoire non linéaire et du théâtre d'objets. Mais en fin de course, Miam Miam aligne surtout les clichés, les blagues sexuelles simplettes, les applaudissements quand une vedette se pointe sur la scène.

Mononcle ou beauf, c'est pareil. Et l'air de rien, Édouard Baer a un petit quelque chose de Michel Forget.

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Miam Miam, au TNM jusqu'au 19 juillet.