Récemment nommé au conseil d'administration du nouveau Fonds des médias du Canada, Guy Fournier doit d'abord représenter les intérêts de l'ensemble de l'industrie et non se plier uniquement aux demandes de Vidéotron, prévient le président-directeur général de CBC/Radio-Canada, Hubert Lacroix.

«Placé dans une situation comme celle-là, M. Fournier doit comprendre le rôle qu'il doit jouer, a souligné le grand patron de la SRC, au cours d'une entrevue accordée à La Presse à son bureau de Montréal. Une fois qu'on est dans ce conseil d'administration, on n'est plus le représentant de quelqu'un, on est le gestionnaire du fonds.»

 

Auteur du célèbre téléroman Jamais deux sans toi, M. Fournier ne fait pas l'unanimité dans le milieu de la télévision. Plusieurs s'inquiètent de sa présence au conseil d'administration du Fonds des médias - en remplacement l'an prochain du Fonds canadien de télévision -, qui distribue notamment des enveloppes pour financer les émissions diffusées au petit écran. Pour certains, l'homme «ne passe pas le test de la neutralité». C'est que cinq des sept membres du conseil ont été choisis par les différents câblodistributeurs: Vidéotron, Bell, Cogeco, Roger et Shaw. Or, M. Fournier a été sélectionné par Vidéotron, propriété de Quebecor. Rappelons que l'empire possède aussi le réseau TVA et Le Journal de Montréal. Et l'auteur signe chaque semaine des chroniques dans ce quotidien. Il a été impossible d'obtenir des commentaires de la part de Vidéotron à ce sujet.

Malgré tout, M. Lacroix semble prêt à accorder sa confiance à Guy Fournier. «Je ne connais pas M. Fournier, souligne-t-il. Je présume qu'il a fait l'objet d'un processus de vérification. Je présume que le ministre et les sous-ministres qui l'ont nommé considèrent qu'il a passé ces tests d'indépendance et qu'il va faire le meilleur travail possible. Il va avoir une fonction super importante.»

Le PDG de Radio-Canada souhaite connaître le plus tôt possible les règles qui régiront ce nouveau fonds. La société d'État a présentement droit à une enveloppe de 112 millions, qui équivaut à 37 % du budget du Fonds canadien de télévision. L'entrée en vigueur l'an prochain du Fonds des médias ne garantit rien de tel à la SRC.