De nombreux représentants des milieux culturels canadiens ont réclamé le retour de l'aide fédérale à l'exportation des arts et à la diffusion internationale de la culture, à défaut de quoi le monde «oubliera» le Canada.

D'une même voix, des représentants de compagnies de théâtre, de danse, des arts de la scène et de la vidéo ont dénoncé lundi devant le comité parlementaire du patrimoine l'abolition des programmes PromArt et Routes commerciales.

Tant le président de CINARS, Alain Paré, que celui du Conseil québécois du théâtre, Martin Faucher, ont fait écho aux craintes du directeur général des Grands Ballets canadiens, Alain Dancyger, qui confiait récemment que ces coupes pourraient forcer l'annulation de ses tournées à l'étranger.

«Aujourd'hui, il est minuit et quart, et les compagnies vivent un véritable cauchemar. Elles ne peuvent plus assumer leurs tournées ou bien elles se mettent en déficit», a déploré M. Paré.

«Les acheteurs étrangers se tournent actuellement vers d'autre pays pour remplir leur programmation. À long terme, le Canada se met dans une position qui sera très difficile à redresser», a poursuivi le président de l'organisme dont la mission est promouvoir les arts de la scène.

Selon Shannon Litzenberg, de l'Assemblée canadienne de la danse, la viabilité même du secteur de la danse au pays se retrouve en danger tellement ces subventions sont essentielles. Quant au directeur artistique de La La La Human Steps, Edouard Lock, il a confié croire que le Canada pourrait être oublié sur la scène internationale si le gouvernement continuait dans la même direction.

L'ensemble des pays du G8 subventionnent les tournées de leurs artistes à l'étranger, ont rappelé les témoins interrogés par le comité à Ottawa. Tous demandent l'injection rapide de sommes pour permettre à court terme aux compagnies artistiques de remplir leurs engagements à l'étranger.

Le gouvernement conservateur a sabré dans les programmes PromArt et Routes commerciales, dont le budget s'élevait au total à moins de 12 millions $ par année.

Les députés conservateurs ont assuré qu'il ne s'agissait pas de «coupes» mais de «réallocation» de fonds. Les témoins entendus lundi étaient néanmoins unanimes: la disparition des deux programmes leur fait extrêmement mal.

«Ces petites sommes-là, elles sont vitales dans tous ces milieux, que ce soit le théâtre, la danse, la littérature», a plaidé l'auteur Stanley Péan, de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois.

«Est-ce que nous sommes prêts à sacrifier les prochains (Gil) Coutemanche, Yves Beauchemin, Gaétan Soucy? C'est la question qu'il faut se poser si l'on veut pouvoir faciliter le rayonnement des oeuvres et des auteurs», a-t-il fait valoir.

D'autant que les retombées de ces sommes sont très importantes, si l'on en croit les représentants qui ont défilé devant le comité.

Selon M. Paré, dont l'organisme a conduit une étude sur le sujet auprès de ses membres, chaque dollar investi par le fédéral via PromArt générait des revenus de 5,50 $ pour les compagnies qui en bénéficiaient.

«Aujourd'hui, c'est de l'abolition de programmes peu coûteux pour l'État dont il est question, et nous attendons toujours que la preuve soit faite de leur inefficacité», a laissé tomber Colette Brouillé, du Réseau indépendant des diffuseurs d'événements artistiques unis (RIDEAU) .

Jean Hamel, de Institut national de l'image et du son (INIS), a pour sa part qualifié ces coupes «d'irresponsables».