Le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, a dû défendre mercredi les nouveaux Prix pour les arts et la créativité dont la création a été annoncée dans le dernier budget et qui ont été unanimement dénoncés par le milieu culturel québécois encore sous le choc des compressions de l'été dernier.

Ces prix destinés à des artistes de l'étranger seront décernés à Toronto par un comité piloté par les organisateurs du festival Luminato. Le gouvernement fédéral a mis de côté 25 millions $ pour ce projet.

L'idée s'est attirée les foudres des élus et des artistes du Québec, qui croient que les conservateurs auraient dû se servir de l'argent disponible pour remplacer les programmes d'aide aux artistes supprimés l'été dernier.

Pour le Bloc québécois, l'argent aurait à tout le moins dû être donné en priorité aux créateurs d'ici.

«Le ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles préfère consacrer 25 millions $ pour faire venir des artistes étrangers à Toronto et enlever 45 millions $ aux artistes d'ici qui font, entre autres, la promotion de la culture québécoise et canadienne à l'étranger, avec comme résultat qu'il fait l'unanimité contre lui», a fait valoir la porte-parole du parti en matière de culture, Carole Lavallée.

Le ministre Moore soutient que les critiques se tairont quand ils connaîtront les modalités des prix qui seront «les plus importants pour les arts et la culture multidisciplinaires autour du monde» et qui feront de Toronto une «capitale culturelle».

«Les prix canadiens, ça va être quelque chose de très spécial pour le Canada, dans la plus grande ville de notre pays», a-t-il fait valoir à l'issue du caucus de son parti. Ca va nous mettre sur la scène internationale comme une capitale culturelle du monde. C'est un bon événement, une bonne nouvelle.»

M. Moore a par ailleurs démenti les rumeurs selon lesquelles il s'apprêterait à annoncer un soutien aux artistes canadiens en tournée. Il a répété qu'il n'était pas question de ressusciter les programmes abolis avant les élections. Il assure toutefois que son gouvernement continuera d'aider le milieu de la culture.

«Nous parlerons toujours avec nos artistes, nos communautés culturelles pour répondre à leurs besoins», a-t-il insisté.

Son collègue des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, n'a pas non plus l'intention de remplacer le programme Prom'Art, appelé à disparaître le 31 mars. Ce programme offrait des subventions aux troupes présentant des spectacles à l'extérieur du Canada.

Les conservateurs soutiennent qu'ils investissent plus d'argent dans la culture et le patrimoine que tout autre gouvernement dans l'histoire du Canada, en dépit des compressions de 45 millions $ annoncées en août et septembre.

Cette affirmation fait sourciller les partis d'opposition, qui ont demandé en début de semaine de voir les chiffres sur lesquels se base le gouvernement. L'étude en comité devrait normalement commencer la semaine prochaine.