Pendant que Pierre Lapointe déballait son Mutantès à la Place des Arts, un autre énergumène occupait la scène avec audace. Camille Dalmais, chanteuse attachante et débordante d'inventivité, présentait jeudi soir dernier au Métropolis le spectacle de Music Hole, son troisième album studio (en anglais) et nous donnait une leçon: comment faire un concert de chanson rock, et hip hop avec sept musiciens, mais pour seul instrument, un piano.

Un seul piano à queue sur scène. Pour le reste, débrouillez-vous. Camille et sa bande ont déniché des trésors d'originalité pour faire lever ce spectacle. C'est vous dire tout le mal que Camille s'était donné, avec ses musiciens, pour élaborer près de 90 minutes de musique presque a cappella.

La performance était franchement fascinante, parce que tellement physique. Camille, c'est le petit lapin Energizer de la chanson. Elle bouge, saute, danse sans arrêt, et exige la même chose de ses musiciens. C'est dans sa nature, à la Camille, telle qu'on l'avait découverte aux FrancoFolies il y a deux ans, alors arrivée ici sur Le Fil, brillant album de chansons décharnées où sa voix occupait toute la place.

Jeudi soir encore, la voix humaine était le moteur de la performance. Deux «beatboxeurs» - l'un émulant les percussions, l'autre s'occupant des lignes de basse - couchaient le rythme. Deux choristes féminines chantaient les mélodies. Trois autres chanteurs étoffaient les arrangements. Remarquable.

Tous étaient vêtus de blanc. Camille, dans sa robe d'été orange, était la bougie d'allumage de la soirée. Seule sur scène en ouverture, ses collaborateurs sont venus la rejoindre pour la bilingue Canards sauvages, tirée de Music Hole. Forte première impression : plus efficace que sur disque, la version live laisse bouche bée - il en sera généralement de même des autres titres extraits du récent album, décidément mieux servi par la scène.

Avec ou sans piano, les versions live des chansons de Music Hole et Le Fil forcent l'admiration. Les arrangements sont précieux, incroyablement bien conçus, le résultat est essoufflant, surtout durant la première partie, plus nuancée. Camille, elle, irradie. Sa voix a de la force, du coffre, du souffle, elle tient les notes, s'agrippe aux registres élevés, s'articule autour des rythmes tantôt hip hop, tantôt latins, de son orchestre vocal. Beau travail.