Sir Simon Rattle et l'Orchestre Philharmonique de Berlin, qui forment tandem depuis 2002 et resteront associés jusqu'en 2020 (selon une nouvelle parue dans Gramophone), semblent imperméables à la présente situation mondiale du disque classique. EMI a publié au cours des derniers mois trois enregistrements de l'orchestre le plus célèbre de la planète et du chef britannique de 53 ans qui y a pris la succession de Karajan.

Enregistrements tous réalisés l'an dernier, et «en concert», lit-on sur les pochettes, bien qu'on n'y entende pas le moindre bruit d'auditoire. Dans l'ordre de leur réalisation: cinq symphonies de Haydn, les nos 88 à 92; la neuvième Symphonie de Mahler; un programme russe comprenant les Tableaux d'une exposition de Moussorgsky dans l'orchestration de Ravel et la deuxième Symphonie de Borodine.

Les Haydn (qui font deux disques) sont étonnants. Avec - les puristes diront malgré - un grand orchestre moderne, Rattle obtient la clarté de lignes, la fraîcheur, l'élégance, voire l'humour et la bonhomie qui caractérisent cette musique hautement civilisée. Le chef fait toutes les reprises importantes et va jusqu'à les ornementer légèrement, selon une tradition héritée du baroque.

Le finale de la Symphonie no 90 est joué dans une version dite "alternative" qui diffère très peu de la version traditionnelle. Ainsi, on retombe dans les quatre mystérieuses mesures de silence qui donnent l'impression que la symphonie est terminée, alors qu'elle ne l'est pas du tout. D'un intérêt moindre, la Sinfonia concertante pour violon, violoncelle, hautbois et basson complète l'album de deux disques.

Le Mahler est très impressionnant. Cette neuvième Symphonie - dernière complétée par l'auteur - dépasse toutes les précédentes en extrêmes et Rattle y pousse l'orchestre à son maximum, dans les deux sens. Grotesques et criards à souhait dans le Scherzo et le Rondo-Burleske, bois et cuivres sont soudain réduits au silence par la masse des cordes du finale annonciateur de la mort.

Je n'ai pas entendu l'ancienne version de Rattle avec le Philharmonique de Vienne et n'en ai pas besoin. Cette nouvelle Neuvième me comble au plus haut point.

On peut oublier le disque russe. Rattle apporte contrastes et couleurs aux Tableaux mais l'orchestre n'est pas toujours à la hauteur (décalages entre les groupes, solos fautifs) et la deuxième Symphonie de Borodine est lue indifféremment. Bien que somptueusement rendues, les fameuses Danses polovtsiennes, du même auteur, ne rachètent pas ce disque finalement inutile.

Classique

Orchestre philharmonique de Berlin

Dir. Sir Simon Rattle


Trois enregistrement EMI

Haydn Alb

*****

2 D, 94 237

Mahler

*****


Alb, 2 D., 01 228

Moussorgsky Borodine

*


17 582