Les représentants municipaux devraient en avoir pour leur argent lors de la rencontre d'information prévue demain matin, à la salle communautaire Lupien.

En effet, Marielle Magnan, présidente de l'Association pour la protection du lac à la Tortue, profitera de l'occasion pour ajouter à l'ordre du jour un débat sur l'état préoccupant de ce plan d'eau.

Le 23 avril, la porte-parole a constaté à nouveau un refoulement à la décharge. Encore une fois, le niveau du lac a grimpé de façon anormale, stimulé en plus par d'importantes précipitations. Le même phénomène avait été observé au milieu de l'été dernier.

Le même jour, Mme Magnan a prélevé trois échantillons d'eau au lac. Elle redoutait une forte concentration de coliformes fécaux et ses appréhensions ont été confirmées dans les résultats obtenus au laboratoire Exova cette semaine.

L'Unité formant colonie par 100 millilitres demeure la mesure généralement reconnue dans ce domaine. Au ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, les activités de baignade et de planche à voile sont recommandées sur les plages publiques dont l'échantillonnage ne surpasse pas 200 UFC par 100 ml de coliformes fécaux, sur une moyenne de six échantillons.

Or, la saison semble bien mal partie au lac à la Tortue. À la hauteur de la rue Saint-Cyr, le paramètre de coliformes fécaux atteignait 420 UFC/100 ml. Au barrage, la mesure bondissait à 1200 UFC/100 ml. Finalement, à l'exutoire du lac, le test indique 2500 UFC/100 ml, soit plus de douze fois la concentration tolérée. De plus, pour chaque échantillon, le microbiologiste observe que l'eau est jaune.

Avec des résultats semblables, Mme Magnan considère que l'ère de la tergiversation doit cesser. Ces arguments s'inscriront très bien dans le dossier de l'assainissement des eaux usées, prévu à l'ordre du jour demain.

Rappelons que le maire, Michel Angers, a rencontré le ministre des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire, Laurent Lessard, en début de semaine. Il lui a exprimé ses préoccupations au sujet du coût de ce projet, maintenant évalué à 55,1 millions de dollars. M. Angers fera le point sur ce dossier demain.

La réalisation d'un réseau d'égout municipal améliorerait sans doute la santé du lac. Mais Mme Magnan se demande à quel point il s'agit d'une préoccupation pour la Ville de Shawinigan.

«L'an dernier, il n'y a eu aucune interdiction de baignade; personne n'est venu prendre de tests de coliformes fécaux», s'étonne-t-elle. «La santé du monde, c'est pas grave. Baignez-vous dans la merde! Ils font l'autruche, ils ne veulent pas le savoir.»

L'APL avait aussi prélevé un échantillon le 22 juillet dernier. Ce dernier avait été analysé par Biolab à Trois-Rivières et les résultats donnaient des frissons dans le dos: plus de 6000 UFC/100 ml dans la mesure de dénombrement des coliformes fécaux!

«Les niveaux de contamination de l'échantillon s'apparentent à ceux d'une eau usée», écrivait Biolab. En fait, l'analyste était convaincue que Mme Magnan avait puisé son échantillon dans une fosse septique!

«S'ils ne veulent pas mettre d'argent, le lac va refouler», résume-t-elle. «Ça veut dire que ça va devenir une fosse septique ouverte. Ça n'a plus d'allure. Nous sommes en train de perdre notre lac à cause du laxisme de Hérouxville et de Shawinigan.»