La maison Ludger-Duvernay était pleine à craquer mercredi soir pour le lancement de l'ouvrage Le jardinier des Molson, dernier scénario du cinéaste Pierre Falardeau que ce dernier a écrit, mais n'a pu tourner avant son décès, le 25 septembre 2009.

Publiée aux Éditions du Québécois, l'oeuvre raconte les jours d'angoisse et d'espoir d'un petit groupe de soldats québécois appelés à défendre un poste avancé dans le nord de la France vers la fin de la Première Guerre mondiale.

«Beaucoup plus qu'un scénario, ce texte est un testament politique. Mon père a mis beaucoup de son coeur là-dedans», a dit Jules Falardeau, fils aîné du cinéaste, en présentant l'oeuvre. Comme dans le cas de plusieurs autres projets, Falardeau a cependant été incapable d'obtenir du financement à la production. Ce que d'aucuns ont souligné et déploré.

Compagne de Falardeau durant 30 ans, Manon Leriche a salué l'initiative de la maison d'édition. «Je suis convaincue que Pierre serait heureux de voir son scénario vivre ainsi», a-t-elle dit.

Plus tard, en entrevue, Mme Leriche a indiqué avoir reçu des offres de cinéastes pour tenter de porter le scénario à l'écran. Mais elle veut prendre son temps. Son fils Jules, étudiant lui aussi en cinéma, ne cache pas son intérêt à mettre ce projet en chantier. «Il devra d'abord faire ses preuves», reconnaît-elle.

Forte présence

À travers le scénario, Manon Leriche ressent beaucoup la présence de son conjoint. «Ce n'est qu'après sa mort que j'ai lu la version dialoguée du film, dit-elle. À chaque phrase, à chaque ligne, j'entendais sa voix, je retrouvais ses expressions.» Elle reconnaît que chaque nouvelle incursion dans la vie du cinéaste et polémiste suscite de la douleur, mais, en même temps, il est important de faire vivre sa mémoire.

Outre les versions dialoguées et non dialoguées, l'ouvrage comprend une réflexion de Manon Leriche sur la version non dialoguée, des paroles de chansons destinées au film, des notes, brouillons et manuscrits de Falardeau et une conclusion de son fils Jules. Dans celle-ci, le fils aîné du cinéaste écorche durement les fonctionnaires de Téléfilm Canada chargés de faire l'analyse des scénarios ainsi que quelques cinéastes dont les oeuvres ont été subventionnées.

«Téléfilm a un système de censure très subtil. Tu peux parler de ce que tu veux, mais si on n'aime pas tes propos, on coupe les subventions», s'est-il emporté.

D'ici quelques mois, Les Éditions du Québécois publieront un autre livre sur Falardeau, ouvrage qui rassemblera cette fois des textes publiés ou des lettres acheminées à sa famille au moment de la mort du cinéaste. On y retrouvera ainsi des textes de François Avard, Patrick Bourgeois, Denis Trudel, Luc Picard, Pierre Vadeboncoeur, Bernard Landry, etc.

À noter que les deux autres enfants du couple Falardeau-Leriche, Hélène et Jérémie, assistaient aussi au lancement du livre.