Le nageur américain Michael Phelps est définitivement entré dans la légende du sport en devenant l'athlète le plus titré de l'histoire des jeux Olympiques avec ses 10e et 11e pépites dorées remportées mercredi à Pékin.

Entrer dans l'histoire ! Ce sera aussi la quête du Français Alain Bernard et de l'Australien Eamon Sullivan, jeudi en finale du 100 m libre. En demi-finales, les deux «sprinteurs», se succédant dans le bassin, ont chacun été auteur d'un record du monde.

Dans le «Cube», déjà inondé de records en tous genres depuis le début des épreuves, Sullivan (47.05) a eu le dernier mot sur le médaillé d'argent du relais 4x100 m (47.20).

Par contre, oubliez le statut de meilleur nageur de tous les temps pour Phelps ! La légende du gamin de Baltimore est passée dans une autre dimension, celle des Tiger Woods, Michael Jordan, Pelé, Roger Federer et autres «extra-terrestres».

Et les 11 000 chanceux, dont les stars NBA de l'équipe masculine de basket, présents autour du bassin, se souviendront longtemps des deux finales remportées avec insolence par le phénomène de 23 ans.

«Bizarre»

Premier acte à 10h21, heure de Pékin: la victoire du champion olympique et du monde en titre et détenteur du record du monde sur 200 m papillon ne fait aucun doute. Seul le chrono importe. Et comme lors de ses trois premiers titres chinois, il abaisse son propre record du monde (1:52.03). Et en aveugle de surcroît à cause de lunettes qui ont pris l'eau.

Avec six titres olympiques à Athènes, en 2004, et quatre à Pékin, le compte est bon ! Phelps envoie aux archives l'athlète finlandais Paavo Nurmi, la gymnaste soviétique Larysa Latynina, le nageur américain Mark Spitz et le sprinteur américain Carl Lewis et leurs neuf médailles d'or.

À peine le temps de se sécher et de se rendre sur le podium, il enchaîne une heure plus tard avec le relais 4x200 m libre. Et évidemment l'or est au bout tandis que le record du monde est submergé de cinq secondes (6:58.56).

«Rien que le fait de me dire ça (être l'athlète le plus titré, ndlr) me fait bizarre. Je ne sais pas quoi dire. Après le papillon, j'ai essayé de me reconcentrer pour le relais mais je n'arrêtais pas d'y penser», a expliqué en conférence de presse le champion après avoir troqué ses habits de sirène pour celui d'un adolescent malgré ses 23 ans, casquette à l'envers et long short large débraillé.

Et comme il lui reste encore le 200 m 4 nages, le 100 m papillon et le relais 4x100 m 4 nages, la moisson n'est évidemment pas terminée pour celui qui, enfant, fut soigné pour des problèmes d'hyperactivité.

Matinée de folie

Avec trois succès supplémentaires - facilement envisageables -, il deviendra l'athlète le plus titré dans les mêmes JO, surclassant Spitz à Munich en 1972 (7). Et s'il venait à faire trois podiums - quelle que soit la marche - il serait l'athlète masculin le plus médaillé (16) en comptant ses deux bronze à Athènes.

Cette journée devrait d'ailleurs rester dans les annales de la natation, avec une densité de résultats incroyables.

Six records du monde ont été battus sur cette seule journée, soit deux de moins que le total des records du monde réussis à Athènes il y a quatre ans.

Outre Phelps et ses camarades du relais 4x200 m libre, l'Australienne Stephanie Rice a refait le coup du 400 m 4 nages plus tôt dans la semaine en ajoutant le record (2:08.45) à l'or sur 200 m 4 nages.

Avant cela, l'Italienne Federica Pellegrini, sur 200 m libre, avait elle aussi ajouté le chrono (1:54.82) au titre pour monter, enfin, sur la plus haute marche d'un podium au niveau mondial.

Le «Cube» et les combinaisons miracle donnent vraiment des airs de toboggan au bassin.