Lorsque les aéronefs ont été cloués au sol au plus fort de la pandémie, un chercheur de Montréal s’affairait à assembler son propre cockpit.

Il est maintenant honoré pour son travail visant à corriger une lacune des essais dans le domaine de l’aviation : la création du premier simulateur de vibration qui imite l’utilisation d’écrans tactiles d’aéronefs en périodes de turbulence. Le travail d’avant-garde d’Adam Schachner lui a valu le Prix Mitacs pour innovation exceptionnelle — maîtrise, décerné par Mitacs, un organisme national d’innovation qui favorise la croissance en trouvant des solutions basées sur la recherche pour répondre à des défis d’affaires grâce à des solutions de recherche d’établissements d’enseignement.

Le prix a été décerné lors d’une cérémonie virtuelle le 23 novembre. Adam Schachner, un chercheur qui travaille pour le professeur Philippe Doyon-Poulin du département de mathématiques et de génie industriel à Polytechnique Montréal, est honoré pour la création d’un environnement d’essai pour un écran tactile personnalisable et ajustable qui simule la vibration dans un cockpit, et pour la réalisation d’une première expérience sur la plateforme afin d’établir des lignes directrices sur l’intégration des écrans tactiles dans les cockpits.

Le travail est d’une grande importance pour la communauté de l’aviation canadienne. En effet, alors que les écrans tactiles font leur apparition dans les postes de pilotage, des lignes directrices encadrant leur conception et les mises à l’essai sont nécessaires pour assurer leur intégration sécuritaire.

La conception unique, créée en collaboration avec l’organisme partenaire CMC Électronique de Montréal, incorpore une chaise de jeux vidéo entourée de moteurs, montée sur une structure métallique ressemblant à des blocs de construction Meccano géants. Les vibrations sont programmées dans la chaise à partir de vraies données de vols et quatre interfaces d’écrans tactiles interchangeables peuvent être utilisées, selon ce qu’on veut tester.

« Mon objectif de recherche était d’étudier l’impact de la vibration sur les personnes qui utilisent des écrans tactiles dans des aéronefs pour déterminer quelles tailles cibles et méthodes de soutien de la main sont les plus sécuritaires. Avant de pouvoir continuer, je devais créer une plateforme d’essai », explique Adam Schachner, qui est aussi titulaire de baccalauréats en génie mécanique et en animation cinématographique. Il a passé sept mois à créer le simulateur pendant la pandémie, un processus qui a aussi requis de la programmation intensive et l’analyse de signaux.

Puisque tous les pilotes utilisent le même point de référence visuel, peu importe leur grandeur, la position relative des écrans tactiles doit pouvoir s’ajuster en hauteur et en profondeur. Achevée en mars, la plateforme est actuellement hébergée au laboratoire aérospatial du LESIAQ, où on l’utilise pour réaliser des études d’avant-garde afin d’orienter la conception des nouveaux postes de pilotage ainsi que les normes de l’aviation.

Le premier de ces tests, réalisé par Adam Schachner avec 24 participants, a démontré que lorsqu’il est question de réduire les erreurs d’utilisation des écrans tactiles dans les cockpits, la taille des boutons cibles est importante. Il a aussi démontré que tenir le bord biseauté d’un écran tactile et utiliser le pouce pour choisir une cible sur l’écran, conformément aux lignes directrices actuelles, n’ajoute aucun avantage, même dans des conditions de vibration, et qu’il est plus efficace d’utiliser l’index à main levée.

« Le but est de trouver une stratégie d’atténuation de la vibration qui s’applique à tous les aéronefs, ce qui pourrait inclure la définition de normes pour l’industrie, comme la taille minimum de la cible », affirme Adam Schachner, qui a récemment accepté un poste à temps plein chez CMC Électronique comme spécialiste des facteurs humains.

Dans l’intervalle, son travail change déjà la donne : une entreprise canadienne de l’aérospatial prévoit utiliser la plateforme de test pour la certification d’une interface auprès de Transports Canada et un autre acteur d’importance en aérospatial exprime aussi de l’intérêt. L’utilisation du simulateur plutôt que des tests en vol dispendieux, lorsque pertinent, permet de réaliser plus de tests avec un plus grand nombre de participants, explique le chercheur. La plateforme sera aussi utilisée pour accélérer le prototypage d’écrans tactiles, dans le cadre d’une collaboration entre plusieurs partenaires en vue de concevoir le poste de pilotage de l’avenir.

Pour Adam Schachner, l’occasion d’accéder à l’expertise de l’organisme partenaire tout en terminant sa recherche de maîtrise a été précieuse. « Contrairement à la plupart des organismes subventionnaires qui favorisent la recherche théorique, Mitacs est le partenaire idéal des projets pratiques de recherche appliquée », conclut-il. « L’aviation est un monde très complexe et c’est grâce à Mitacs que ce projet a vu le jour et que j’ai eu la chance inestimable de travailler avec des spécialistes du domaine aérospatial et des écrans tactiles. »

Le Prix Mitacs pour innovation exceptionnelle — maîtrise est décerné à une ou un stagiaire de Mitacs qui s’est distingué par sa contribution exceptionnelle à l’innovation en recherche et développement au cours de sa recherche financée par Mitacs. Adam Schachner est l’un des huit lauréats des Prix Mitacs à l’échelle nationale, choisis parmi des milliers de chercheuses et chercheurs qui prennent part aux programmes de Mitacs chaque année. Les sept autres lauréats et lauréates ont été reconnus pour de l’innovation, de la commercialisation ou du leadership exceptionnel dans d’autres domaines de recherche.

Lorsqu’il a félicité les lauréats et lauréates, le PDG de Mitacs, John Hepburn, a insisté sur l’importance d’offrir aux innovatrices et innovateurs canadiens l’occasion d’acquérir de l’expérience par l’entremise de partenariats stratégiques entre le secteur privé, le gouvernement et le milieu postsecondaire. « L’innovation axée sur la collaboration est une approche éprouvée et productive à l’égard de la recherche qui, en fin de compte, aide à déployer les meilleurs talents au sein de l’économie canadienne », a déclaré M. Hepburn, notant que Mitacs est honoré de jouer un rôle dans l’avancement de recherches importantes au Canada. « Que nos chercheurs développent des idées révolutionnaires en puisant dans les ressources au pays ou par l’entremise de collaborations internationales, leurs percées profitent à toute la population du Canada — et c’est ce talent qui façonne l’avenir de l’innovation. »

Mitacs est un organisme sans but lucratif qui favorise la croissance et l’innovation au Canada en résolvant des défis d’affaires à l’aide de solutions de recherche des établissements d’enseignement. Mitacs est financé par le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec, ainsi que le gouvernement de l’Alberta, le gouvernement de la Colombie-Britannique, Research Manitoba, le gouvernement du Nouveau-Brunswick, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse, le gouvernement de l’Ontario, Innovation PEI, le gouvernement de la Saskatchewan, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et le gouvernement du Yukon.