Le Centre canadien de protection de l'enfance (CCPE) a lancé une nouvelle campagne de sensibilisation contre l'exploitation sexuelle des enfants dans Internet hier, fort d'un appui de 42 millions $ sur cinq ans du gouvernement fédéral.

Le CCPE a profité de la Journée internationale de la sécurité sur Internet d'hier pour faire le lancement officiel de sa campagne Respecte-toi.

Celle-ci vise à sensibiliser les ados aux risques auxquels ils s'exposent en transmettant des photos ou des enregistrements vidéos par courriel ou par messagerie instantanée ou en les diffusant sur Internet.

«Les jeunes ne se rendent pas compte des conséquences à long terme. Ils ne réalisent pas que les choses qui vont dans Internet, restent sur Internet. Une fois que c'est parti, il y a perte de contrôle. N'importe qui peut copier ou redistribuer leurs images à leur insu et elles peuvent venir les hanter dans l'avenir», soutient René Morin, porte-parole francophone du CCPE.

Un sondage effectué par l'organisme caritatif sans but lucratif démontre des chiffres alarmants en matière de transmission de photos provocantes par différents moyens, tels les téléphones cellulaires et les sites de réseautage bien connus.

Ainsi les jeunes participent à la distribution de matériel pornographique et s'incriminent sans même prendre conscience de leurs actes.

«Les enfants ne réalisent pas qu'ils deviennent créateurs de la pornographie juvénile. Le jeune se rend coupable d'une infraction illégale parce qu'il possède, produit et distribue du matériel pornographique», indique M. Morin.

La campagne Respecte-toi, qui prévoit la distribution de 300 000 guides d'information aux Canadiens de la 7e année, vient s'ajouter à l'arsenal de programmes de sensibilisation de la CCPE.

Du nombre, le site www.cyberaide.com permet depuis septembre 2002 de lutter contre la maltraitance des enfants en dénonçant les prédateurs sexuels. En moyenne, le site génère 700 signalements d'abus par mois.

Cette initiative a permis aux différentes instances policières de procéder à 43 arrestations et à la fermeture de pas moins de 2850 sites Internet.

«Le plus grand succès de cette campagne n'est pas les 43 arrestations, ce sont plutôt les exploitations qui n'ont pas eu lieu», a signalé le ministre de la Sécurité publique du Canada, Peter Van Loan.

Le fédéral fait sa part

De passage à Embrun dans l'Est ontarien hier matin, M. Van Loan a annoncé le renouvellement de la stratégie nationale pour la protection des enfants contre l'exploitation dans Internet, grâce à un nouvel investissement de 42 millions de dollars sur cinq ans.

«Nous croyons que la sécurité de nos enfants n'est pas seulement une responsabilité partagée mais c'est une valeur commune. Notre objectif est d'encourager une utilisation plus prudente et responsable des outils dans Internet», a déclaré le ministre.

Créée il y a deux ans par le gouvernement Harper, l'initiative vise à sensibiliser le grand public, et plus particulièrement les enfants, aux dangers d'Internet.

Le gouvernement fédéral est conscient que la popularité des sites Internet à caractère social, tels Facebook et My Space, rend leur tâche plus difficile.

«Nous n'avons pas l'intention de réglementer ces sites-là. Nous voulons sensibiliser les jeunes aux dangers existants», soutien M. Van Loan.

Les nouveaux fonds amélioreront également la capacité d'enquêter sur les prédateurs en ligne ainsi que leur dépistage.

À cet effet, le gouvernement fédéral travaille conjointement avec le CCPE et le Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants (CNCCEE) de la Gendarmerie royale du Canada.

«Rendre Internet plus sécuritaire, ce n'est pas juste le travail de la police. C'est l'affaire de tous. Les jeunes jouent un rôle primordial. Vous êtes nos yeux, nos oreilles», a affirmé John Bilinski, surintendant à la GRC et officier responsable du CNCCEE.