L'un des gros actionnaires du groupe internet Yahoo!, la société Legg Mason, a indiqué qu'elle refusera l'offre de Microsoft si ce dernier ne relève pas son offre, a déclaré mercredi le gestionnaire de portefeuille de Legg Mason, Bill Miller.

Dans une interview au Wall Street journal, M. Miller a jugé que Microsoft avait «gaffé» le week-end dernier quand il a menacé de diminuer son offre d'achat de Yahoo! et de s'adresser directement à ses actionnaires, si la direction de Yahoo! continuait à rejeter son offre.

Legg Mason détient environ 7% du capital de Yahoo! ce qui en fait le 2e actionnaire après Capital Research & Management Co., selon la firme FactSet Research Systems citée par le WSJ.

Dans une lettre ouverte samedi, le PDG de Microsoft Steve Ballmer a donné trois semaines à la direction de Yahoo! avant que son offre, présentée le 1er février, ne devienne hostile, et menacé en ce cas de la baisser.

Le conseil d'administration de Yahoo!, qui rejette toujours cette offre jugée trop basse, a répondu lundi que l'ultimatum de Microsoft était «contre-productif».

Les analystes sont partagés sur l'issue finale de ce bras de fer, mais beaucoup pensent que les actionnaires de Yahoo! accepteront le prix initial offert par Microsoft, de peur que cette offre diminue ou disparaisse et que l'action Yahoo! retombe à son niveau de fin janvier, soit 19,18 dollars.

Microsoft a proposé le 1er février une offre d'achat moitié en cash et moitié en actions Microsoft, qui au cours de Microsoft mercredi correspond à 29,17 dollars par action Yahoo!, soit 42 milliards au total.

Initialement l'offre était de 31 dollars par action Yahoo! (44,6 milliards au total) car le cours de Microsoft était un peu plus haut.

Mais même au cours de mercredi, le prix offert reste de 52% supérieure au cours de Yahoo! fin janvier.

M. Miller a indiqué que l'offre actuelle de Microsoft «ne (l')excite pas» et jugé que généralement les offres non sollicitées finissaient par être relevées.

Il a aussi dit que Microsoft aurait pu emporter l'adhésion des actionnaires de Yahoo! s'il avait relevé un peu son offre.

«Si Microsoft relevait son offre, la pression serait très forte sur Yahoo! pour qu'il négocie», ajoutant qu'«un relèvement d'un dollar par action aurait un grand impact psychologique sur les actionnaires».

Microsoft n'a montré pour l'instant aucune intention de relever son offre.

«Dire aux actionnaires que vous allez les priver de quelque chose n'est pas un bon moyen d'obtenir leur soutien», a poursuivi M. Miller, qui s'est dit prêt à soutenir une position du groupe sur un maintien de son indépendance, en particulier si Microsoft diminue son offre.

«Si Microsoft réduit son offre, je ne suis pas prêt à dire que cela vaut mieux pour Yahoo! plutôt que de rester indépendant», a-t-il dit.

Il s'est dit convaincu que Microsoft au final paiera ce qu'il faut pour Yahoo! et ne croit pas que Yahoo! trouvera une alternative acceptable par ses actionnaires.

Selon la société de Bourse Piper Jaffray qui a interrogé 20 investisseurs institutionnels de Yahoo!, «la majorité suggère qu'il vaut mieux accepter l'offre actuelle de Microsoft plutôt qu'il n'y ait pas d'offre». Mercredi vers 17H30 GMT le cours de yahoo! plafonnait à 27,57 dollars, signe que les marchés craignent une baisse de l'offre.

«Si l'action Yahoo! chute, tout simplement nous en achèterons davantage», a lancé M. Miller, pour qui «certainement Yahoo! vaudra plus dans deux ans et encore plus pour Microsoft».

Il ne croît pas à une éventuelle manoeuvre hostile de Microsoft pour faire remplacer les administrateurs actuels de Yahoo!. «L'idée que nous élisions de nouveaux administrateurs et que Microsoft obtienne d'eux un meilleur prix me semble peu crédible», a-t-il conclu.