(Washington) Une vingtaine d’élus américains à la Chambre des représentants, républicains comme démocrates, ont annoncé mercredi leur volonté de faire voter une loi interdisant TikTok aux États-Unis, à moins que le réseau social ne coupe ses liens avec sa maison-mère, ByteDance et plus largement avec la Chine.

« Nous nous sommes rassemblés, dix démocrates et dix républicains, pour présenter une loi qui interdirait TikTok d’opérer aux États-Unis à moins qu’il ne coupe ses liens avec ByteDance ou toute entité contrôlée par le Parti communiste chinois (PCC, NDLR) », a déclaré lors d’une conférence de presse le président du Comité de la Chambre en charge du PCC, Mike Gallagher, élu républicain.

Son collègue démocrate Raja Krishnamoorthi a de son côté assuré qu’« il ne s’agit pas d’une interdiction. La balle est dans le camp de ByteDance ou de toute autre application de réseau social qui appartiendrait » à un État étranger.

Selon lui, « ByteDance a utilisé de manière répétée sa plateforme TikTok pour saper non seulement la sécurité nationale américaine mais aussi les intérêts de ses utilisateurs », ajoutant que les preuves d’un lien entre la maison-mère du réseau social et l’armée chinoise étaient réelles.

« Nous implorons ByteDance de vendre TikTok afin que les utilisateurs américains continuent de profiter » de l’application mais également les élus souhaitent que ces derniers « disent à ByteDance de vendre la plateforme », a ajouté M. Krishnamoorthi.

Interrogé par l’AFP, un porte-parole du réseau social a estimé que cette loi était « une interdiction pure et simple de TikTok, peu importe comment ses auteurs cherchent à le cacher ».

« Cette loin viendra piétiner le Premier amendement (qui défend la liberté d’expression, NDLR) de 170 millions d’Américains et privera cinq millions de petits commerces d’une plateforme sur laquelle ils comptent pour grandir et créer des emplois », a-t-il ajouté.

La Maison-Blanche a en revanche qualifié cette proposition de loi d’« intéressante, une mesure bienvenue pour faire face à la menace », selon un porte-parole. « Nous nous félicitons du travail réalisé par (MM.) Gallagher et Krishnamoorthi et espérons travailler avec le Congrès pour renforcer encore cette proposition de loi », a-t-il ajouté.

Plusieurs États et le gouvernement fédéral ont interdit l’utilisation de l’application sur les appareils officiels du gouvernement, invoquant des risques pour la sécurité nationale.

Dans le Montana (nord-ouest), un juge a récemment bloqué une initiative du gouvernement de cet État visant à interdire complètement l’application.

Bien que l’application continue d’être sous la surveillance de Washington, aucune mesure fédérale visant à interdire ou à restreindre l’utilisation du réseau social ne semble plus être envisagée pour l’instant.

TikTok est depuis plusieurs mois dans le collimateur des autorités américaines, de nombreux responsables estimant que la plateforme de vidéos courtes et divertissantes permet à Pékin d’espionner et de manipuler ses 150 millions d’utilisateurs aux États-Unis. L’entreprise a toujours nié ces accusations.