Servi par un graphisme de haut calibre, alternant entre la psychose, l’horreur sanglante totalement assumée et les quêtes exigeantes, The Outlast Trials est un jeu unique. Il est tellement prenant et riche qu’on lui pardonne sa mécanique parfois frustrante, toujours sans pitié.

Premier avertissement : ce jeu ne s’adresse pas aux cœurs sensibles. Le troisième opus de la franchise à succès Outlast du studio indépendant montréalais Red Barrels, The Outlast Trials, offert en accès anticipé depuis le 18 mai, plonge sans complexe dans l’horreur la plus gore. On est rapidement noyé dans des hectolitres de sang, de membres déchiquetés et de fous furieux qui vous poignardent, vous électrocutent et vous dévorent.

Ce ne serait que de la violence gratuite et un peu traumatisante s’il n’y avait une base narrative fascinante.

Inspiré des expériences psychiatriques inhumaines menées dans les années 1960, The Outlast Trials fait du joueur un cobaye envoyé dans un complexe de l’entreprise Murkoff comprenant une douzaine de bâtiments reliés par des tunnels. Le but de cette institution est de détruire sa personnalité et de la reconstruire. Le joueur doit passer à travers trois « programmes » comportant chacun plusieurs épreuves afin d’accéder à l’épreuve finale et être libre.

Toujours démuni

Tout est bizarre, tordu, angoissant dans ce complexe. Des cobayes humains sont torturés, des gardiens pervers et complètement fous hurlent, insultent et déchiquettent tout ce qui passe à leur portée. Un policier vicieux fait gicler le sang au nom de la loi, une maman obèse punit les méchants enfants en leur perçant le crâne et en les envoyant dans un broyeur. Partout, des écrans vous donnent des consignes ou vous rappellent, comme dans une secte, les préceptes de base chez Murkoff, où le premier crime est d’être né et où il faut punir sauvagement les enfants pour leur propre bien.

CAPTURE D’ÉCRAN

The Outlast Trials est inspiré des expériences psychiatriques inhumaines menées dans les années 1960.

Et le pire, c’est que vous êtes pratiquement démuni devant ces monstres. On peut momentanément les étourdir ou les électrocuter si on a le bonheur d’avoir le bon accessoire sous la main, mais ils finiront toujours par vous tuer s’ils vous coincent. Les bouteilles de médicaments pour recouvrer la santé sont rares, on se fait injecter des composés psychotiques qui donnent des hallucinations, on est souvent dans le noir car nos lunettes de vision nocturne ont une autonomie très limitée.

L’expérience vous permettra d’acquérir de nouveaux équipements et des capacités augmentées, mais vous ferez rarement le poids devant les méchants.

Trash, évidemment, et souvent à la limite du supportable. Mais son excessivité nous rappelle qu’il s’agit d’un jeu et qu’il ne faut pas se laisser impressionner, sous peine d’en faire des cauchemars. Les épreuves sont difficiles, nos nombreuses morts et notre taux de succès minable aux épreuves sont là pour en témoigner.

L’union fait presque la force

La qualité des animations et du graphisme très léché est étonnante quand on sait qu’on a affaire à une œuvre indépendante. Mais Red Barrels y a manifestement mis les moyens depuis six ans, alimenté par le succès des premiers opus, de sorte que The Outlast Trials n’a rien à envier à des productions d’envergure de grands studios qui auraient disposé de 10 fois plus d’artisans.

CAPTURE D’ÉCRAN

Former une équipe donne nettement plus de chances à son personnage de survivre aux épreuves.

Si ce jeu permet de jouer en solo, le déséquilibre devant les dangers qui guettent le joueur rend l’association à d’autres joueurs pratiquement incontournable.

C’est d’ailleurs au sein d’un quatuor que nous avons connu nos premiers succès après avoir échoué à nos premières missions de façon lamentable. La création de groupes est très efficace et rapide, ne demande aucun abonnement en ligne et s’effectue dans un bâtiment central où tous les cobayes se réveillent, au début du jeu ou après leur mort. On a le choix d’entrée de jeu de la taille du groupe, de deux à quatre joueurs avec lesquels on peut communiquer verbalement. En attendant le transfert vers une épreuve, les joueurs s’amusent dans le hall central ou peuvent se défier à une partie de bras de fer.

Seul hic en ce qui nous concerne pour le jeu en ligne : il nous a suffi d’une petite heure pour tomber sur deux joueurs racistes, un qui a crié « White Power ! » quand son avatar blanc a battu un Noir au bras de fer, un autre qui a voulu nous expulser du quatuor car notre pseudonyme lui semblait « oriental ». Nous avons désactivé le « chat ». Ce type de mauvaises rencontres est malheureusement trop fréquent dans le jeu en ligne.

Souffrir pour la bonne cause

Notre autre frustration concerne la grande difficulté à ramasser les différents objets d’intérêt. Il faut parfois s’y reprendre à plusieurs reprises pour se trouver exactement à la bonne distance, dans le bon angle, pour que le message « Ramasser » apparaisse.

CAPTURE D’ÉCRAN

Devant l’horreur exposée dans The Outlast Trials, il faut se rappeler qu’il s’agit d’un jeu.

Plus globalement, nous avons trouvé au début certaines missions beaucoup trop difficiles et manquions d’indications sur les étapes à franchir, l’emplacement des objectifs et la façon d’échapper aux méchants. Ce constat est à prendre avec des pincettes puisque nous avons constaté, après avoir rejoint des groupes de joueurs, que les plus expérimentés n’étaient pas du tout déboussolés. Patience, donc, joueurs débutants.

Le jeu en vaut la chandelle, car Red Barrels a manifestement réussi un coup de circuit avec son troisième opus, une œuvre troublante et d’une originalité remarquable, même dans le monde très fréquenté du jeu vidéo d’horreur-survie.

The Outlast Trials

The Outlast Trials

Sortie (accès anticipé) : 18 mai 2023

Prix : 38,99 $

9/10

Essayé sur un ordinateur MSI (carte Nvidia RTX 3070) avec un exemplaire fourni par Red Barrels

Consultez la page Steam de The Outlast Trials