Le plus récent épisode de Resident Evil, Village, est horrible. Et c’est probablement le meilleur compliment qu’on peut faire à ce mélange inspiré d’action, de monstres sanguinaires et d’énigmes à rendre fou, le tout servi par un graphisme magnifique.

Rares sont les joueurs qui peuvent prétendre avoir tâté de toutes les éditions de Resident Evil depuis 1996. Ce jeu d’horreur, où on se trouve en mode survie la plupart du temps, en est à son douzième épisode officiel, sans compter une quinzaine de variantes pour toutes les plateformes.

Le studio indépendant Behaviour Interactif a d’ailleurs annoncé ce mardi la sortie le 15 juin prochain d’un nouveau chapitre de Resident Evil. Il sera intégré au grand succès de ce studio montréalais, Dead by Daylight, 36 millions de joueurs au compteur. On y retrouvera un des méchants marquants de Resident Evil, Nemesis, poursuivant deux personnages bien connus de la série, Leon S. Kennedy et Jill Valentine.

ADN compacté

Mais revenons à Village. Il s’agissait du quatrième contact dans notre cas avec ce classique du studio Capcom, après Revelations 1 et 2 et le remake de Resident Evil 2 en 2019.

Et c’est clairement selon nous le meilleur, celui qui a réussi à résumer l’ADN de cette franchise qui ballotte depuis 25 ans entre l’horreur et l’action.

Resident Evil Village poursuit l’histoire de l’opus 7, Biohazard, sorti en 2017, après qu’Ethan Winters ait retrouvé sa femme Mia dans une Louisiane envahie de monstres infectés par une moisissure. C’était la première fois qu’on utilisait une perspective à la première personne, qu’on a gardée depuis ce temps.

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Contrairement à des jeux d’action-aventure classiques, les indices pour suivre le fil de l’histoire sont ténus. Vous pouvez tourner en rond pendant une heure parce que vous n’avez pas vu le petit indice qui vous permet de passer à un autre secteur.

Nous voici maintenant dans un village en Europe de l’Est, dans la coquette maison du couple et de leur bébé, Rose. Tout bascule quand de mystérieux assaillants menés par Chris Redfield tuent la jeune femme et enlèvent le bébé.

Ethan Winters se réveille après un accident de la route qui a judicieusement mis ses ravisseurs hors service. Il aboutit dans un village glauque où sévissent des monstres sanguinaires et où les quelques résidants encore humains sont menés par Mère Miranda et quatre nobles à son service.

Frustration et humains au menu

N’essayez même pas de vous défendre au début, les premières cinématiques consistent à vous laisser assaillir par ces horreurs qui prennent plaisir à vous déchiqueter. Peu à peu, vous comprenez que Mère Miranda est probablement à l’origine de l’enlèvement de bébé Rose, dont il faut retrouver le corps réparti dans quatre bocaux. Il faut fouiller toutes les maisons, en quête de munitions, d’objets utiles et d’informations.

Les premiers pas sont terriblement frustrants : il vous manque de tout, ne serait que pour ouvrir de simples tiroirs avec des crochets que vous n’avez pas.

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Un exemple d’énigme où il faut déplacer l’indice et mettre les bonnes couleurs pour ouvrir des écluses.

Et les énigmes sont typiques de Resident Evil. Il faut bien comprendre l’esprit de la franchise pour trouver les codes des coffres-forts, ouvrir des portes avec un objet qui semble adapté, mais auquel il manque un petit détail, combiner plusieurs objets pour trouver la clé.

Contrairement à des jeux d’action-aventure classiques, les indices pour suivre le fil de l’histoire sont ténus. Vous pouvez tourner en rond pendant une heure parce que vous n’avez pas vu le petit indice qui vous permet de passer à un autre secteur. Une bonne moitié de l’histoire se passe dans un château labyrinthique où les portes sont verrouillées. Dans une usine, un peu plus loin, vous vous retrouvez poursuivi par de plus en plus de colosses aux bras dotés de scies à chaînes, sans comprendre exactement où aller pour leur échapper.

Tourner en rond

Les nouvelles armes que vous trouvez sur votre chemin sont de puissance variable, mais vous ne le saurez qu’à l’usage ou lors de votre passage à la « boutique » du Duc. Cet immense vendeur obèse apparaît à une demi-douzaine de reprises, vous offrant de racheter des objets de valeur, de vous approvisionner en munitions et en armes et de vous apprendre des recettes pour améliorer votre santé.

Il faut avouer qu’il nous a fallu près de cinq heures avant d’accepter la proposition. La difficulté des combats ou des énigmes n’était pourtant pas trop décourageante. Ce qui est très frustrant, c’est de tourner en rond sans savoir exactement quoi faire, comme si les concepteurs avaient sciemment choisi de déboussoler les joueurs.

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Le graphisme de Resident Evil Village est remarquable.

Par contre, ce qui ramène l’intérêt en tout temps, c’est la qualité absolument remarquable du graphisme et le soin apporté à la bande sonore. Tout est si réaliste que c’en est terrifiant. On entend le glissement baveux des monstres sur le sol, leurs hurlements à travers les murs, on sent presque l’odeur fétide des maisons traversées.

Cœurs sensibles s’abstenir

Il nous a fallu 21 h pour traverser toute l’histoire, ce qui semble peu. Mais la matière ici est très dense et donne l’impression qu’on y a passé bien plus de temps. Il n’y a pratiquement aucune quête secondaire qui pourrait étirer le jeu, tout est lié à l’histoire principale et mené tambour battant.

Le verdict : un jeu magnifique, obsédant, d’une richesse époustouflante. On lui pardonne assez rapidement les coups bas de ses concepteurs qui font tout pour vous désorienter. Il faut évidemment accepter l’orgie de sang et de monstres démembrés qui accompagnent tout Resident Evil digne de ce nom.

Resident Evil Village

Développeur : Capcom

Sortie : 18 avril 2021

Prix : 79,99 $ (édition standard)

Disponible sur Windows, Stadia, PlayStation et Xbox (testé sur PS5)

Note : 4,5 sur 5