(Washington) Une majorité d’élus au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde peine à rejoindre la population sur le réseau social Twitter, suggère une nouvelle étude.

Le quart des élus fédéraux d’arrière-ban de cinq pays, dont le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande qui sont actifs sur Twitter ont produit 65 % du contenu publié sur la plateforme, selon l’étude publiée lundi par le Pew Research Center de Washington.

« Certains de ces tweets suscitent des dizaines de milliers de mentions “J’aime” et de partages par le grand public, a noté le centre dans un communiqué. Mais dans la majorité des cas, les tweets de ces législateurs passent inaperçus. »

L’analyse, qui a pris en compte plus de 1,3 million de tweets de 2056 politiciens, a été menée au cours des six premiers mois de 2019, lorsque le discours politique au Canada était dominé par les discussions sur le scandale SNC-Lavalin et les tensions entre le bureau du premier ministre et l’ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould. Aux États-Unis, il était surtout question du discours sur l’état de l’Union du président Donald Trump. Le Royaume-Uni discutait quant à lui beaucoup du Brexit.

À bien des égards, les résultats reflètent ceux d’une étude plus vaste menée en 2018 sur les utilisateurs Twitter adultes aux États-Unis, qui a révélé que 80 % du contenu était produit par seulement 10 % des utilisateurs américains de la plateforme.

Les utilisateurs de Twitter aux États-Unis ont tendance à être plus jeunes, plus riches et plus instruits que leurs homologues qui ne sont pas actifs sur le réseau. Ils sont aussi plus susceptibles de s’identifier comme démocrates, à être des femmes et à être plus actifs politiquement, selon cette étude.

Au Canada, les députés présents sur Twitter ont généré une médiane de 48 tweets par mois durant la période étudiée. Leurs tweets ont cependant attiré une médiane de seulement cinq mentions « J’aime » et un retweet par mois. Parmi ceux-ci, les 25 % d’utilisateurs les plus actifs de la plateforme ont récolté 80 % des mentions « J’aime » et des retweets.

Les législateurs américains, le groupe le plus actif parmi ceux des cinq pays étudiés, avaient des médianes mensuelles de 79 tweets, 18 mentions « J’aime » et cinq retweets.

Les élus étaient généralement plus prolifiques que les législateurs nommés. Au Canada, seulement 67 % des sénateurs étaient actifs sur Twitter, par rapport à 94 % des députés fédéraux.

Dans l’ensemble, les chefs d’État et les chefs de partis — dont les comptes ont été exclus de l’étude — ont obtenu le plus de mentions, le président Donald Trump menant aux États-Unis avec 80 % et le premier ministre Justin Trudeau au Canada avec 73 %.

L'année 2019 en a également été une électorale au Canada. Le chef conservateur Andrew Scheer a obtenu 58 % des mentions canadiennes, suivi du compte de son parti à 45 % et des libéraux à 42 %. Mme Wilson-Raybould, la ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, et le ministre des Finances, Bill Morneau, se sont également classés dans le top 10 des mentions.

Un tweet de la première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern en réponse à la tuerie de mars 2019 à Christchurch a reçu le plus de retweets des législateurs au cours de la période d’étude, dont 38 au Royaume-Uni.

La représentante new-yorkaise au Congrès américain Alexandria Ocasio-Cortez a été l’une des utilisatrices de Twitter les plus actives du Capitole avec quelque 6,8 millions d’abonnés. Elle a remporté la palme du plus grand nombre de mentions « J’aime » pendant l’étude pour une vidéo d’elle dansant devant son bureau — en réponse à une vidéo virale similaire qui a fait surface et qui remontait à ses années à l’Université de Boston.

L’étude s’est même intéressée aux emojis les plus populaires utilisés pendant la période étudiée : les drapeaux canadien, américain et australien dominaient dans leurs pays respectifs, tandis que les emojis faciaux sont plus populaires en Nouvelle-Zélande qu’ailleurs.