Au lendemain de la suspension des activités des 17 publications de Métro Média, un certain nombre de questionnements persiste chez des employés de la salle de rédaction.

« Les employés ont encore quelques questions », affirme Guillaume Ledoux, journaliste au Journal Métro depuis près d’un an. Il s’interroge notamment à savoir ce qui adviendra de la paie à venir et si elle sera versée conformément à l’habitude.

Pour l’heure, les informations qui circulent à l’interne ne sont guère plus fastes que celles connues du grand public. La fin de l’aventure « nous a été annoncée [sensiblement] dans les mêmes mots » que ceux employés par Andrew Mulé, PDG de Métro Média, dans l’annonce relayée en ligne, raconte M. Ledoux.

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Caroline Bertrand, journaliste culturelle au Journal Métro, abonde elle aussi en ce sens. « On ne sait pas si on va avoir une prochaine paie », explique-t-elle. Jointe par La Presse alors qu’elle se trouvait en compagnie de collègues, elle estime que ce sentiment d’incertitude est partagé par beaucoup.

« Pour le moment, on est dans le flou. On est censés avoir plus d’informations pratico-pratiques lundi », dit-elle. Mais pour l’heure, les employés n’ont pas reçu de « communiqué ou de courriel interne ». Tant M. Ledoux que Mme Bertrand ont toutefois compris qu’ils ne rentreraient pas travailler lundi prochain, comme ils le faisaient d’ordinaire.

« J’avais une semaine remplie d’entrevue, mais je tiens pour acquis que tout cela est annulé », affirme-t-elle. Elle ajoute que bon nombre de textes déjà rédigés ne seront probablement jamais publiés dans le Journal Métro ou dans l’un des 16 hebdomadaires locaux de Métro Média. Du reste, la journaliste culturelle s’en remet à ses délégués syndicaux : « Notre syndicat va aller chercher réponse aux questions qu’on se pose. »

Confusion et surprise

À la source de cette confusion, affirment les journalistes sondés : les mots employés par la direction dans leurs communications. « La “suspension des activités”, on n’est pas trop sûrs de ce que ça implique », reconnaît Caroline Bertrand.

D’aucuns, toutefois, ne se bercent d’illusions : l’aventure du Journal Métro et de ses antennes locales semble bel et bien terminée, mais ce n’est pas parfaitement clair si « on est mis à pied ou bien carrément renvoyés », affirme Mme Bertrand.

« On n’a pas été plus affirmatif qu’en parlant de la “suspension des activités” », confirme M. Ledoux. Ce dernier est, pour l’heure et jusqu’à preuve du contraire, l’auteur du tout dernier texte paru en ligne.

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C’est La Presse qui lui a fait part de ce constat, et bien qu’il y voit une « belle poésie », il est surtout tourné vers l’avenir. « Je peux trouver ça fun d’être métaphysiquement lié à la fin du journal […], mais ça ne me touche pas plus qu’il le faut, je suis assez pragmatique et j’accueille encore la nouvelle », affirme-t-il.

Si les difficultés financières de l’entreprise alimentaient les discussions à l’interne depuis quelque temps déjà, l’annonce faite vendredi soir en a surpris plus d’un. « On savait que ça n’allait pas très bien, que les difficultés étaient assez poignantes, mais on ne savait pas que ça allait fermer du jour au lendemain », articule M. Ledoux. « Personne ne s’attendait à ça un vendredi en fin d’après-midi », ajoute Mme Bertrand.

« Mode de financement » à revoir

Montrée du doigt par Andrew Mulé en raison de sa décision de compliquer la distribution de Publisac, la mairesse Valérie Plante a réagi samedi par l’entremise de son attachée de presse. « Les médias locaux sont essentiels à notre démocratie, et si on veut les protéger et éviter des fermetures supplémentaires, la discussion nationale qui s’impose [porte non pas] sur le modèle de distribution, mais bien sur le mode de financement. »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La Ville se dit par ailleurs prête à contribuer aux réflexions qui s’imposent « avec les moyens qu’elle a » et en considérant l’« enjeu dans son ensemble ».

La Fédération nationale de la culture et des communications, affiliée à la Confédération des syndicats nationaux (FNCC-CSN), a déploré samedi l’annonce de Métro Média. Elle a demandé une « concertation des pouvoirs politiques tant à Québec qu’à Montréal […] afin de sauver l’information locale » dans la métropole.

« On ne peut tout simplement pas laisser aller le seul média qui couvre les actualités politiques, culturelles et sportives dans tous les arrondissements de la métropole du Québec », a déclaré Annick Charette, présidente de la FNCC-CSN.