Plus de 80 entreprises québécoises et canadiennes se sont publiquement engagées à soutenir les médias locaux dans un contexte où Meta et Google jouent du coude avec le gouvernement fédéral, a-t-on appris dans une annonce faite lundi.

Au moment d’écrire ces lignes, 81 entreprises avaient apposé leur signature à l’engagement « J’appuie le Mouvement média d’ici », initiative lancée par l’Association des agences de communication créative (A2C) le 5 juillet.

En y adhérant, les signataires attestent qu’ils investissent déjà un minimum de 25 % de leur budget marketing numérique annuel dans les plateformes médiatiques canadiennes, qu’ils s’engagent à mettre en place une stratégie pour atteindre ce pourcentage ou qu’ils sont une agence de communications qui propose des plans permettant d’y arriver.

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C’est donc un effort collectif qui a essentiellement pour but de conserver un écosystème médiatique fort, à un moment où les médias connaissent une crise sans précédent.

« C’est très positif, nous sommes très heureux de voir l’enthousiasme des entreprises qui sont présentes pour les médias locaux », affirme Dominique Villeneuve, présidente-directrice générale de l’A2C, en entrevue.

[Les entreprises] sont solidaires, elles comprennent l’importance de garder la vitalité des médias puis de participer à l’information et à la culture.

Dominique Villeneuve, présidente-directrice générale de l’A2C

Dans la liste, qui est publique, on retrouve le nom de plusieurs entreprises bien connues de la population québécoise. Desjardins, Loto-Québec, VIA Rail Canada, le Fonds de solidarité FTQ ou les Producteurs de lait du Québec sont quelques exemples.

Les grands médias ont eux aussi choisi de mettre la main à la pâte. C’est notamment le cas de La Presse, Québecor, Radio-Canada, Cogeco, Télé-Québec et Bell Média.

« La liste, elle va continuer de se garnir. On veut créer un effet boule de neige pour avoir un impact positif à long terme. C’est une solution pérenne qui mise sur l’efficience des médias locaux », assure Mme Villeneuve.

L’obstacle des géants

Le 22 juin, quelques heures avant que le projet de loi C-18 obtienne la sanction royale, Meta a annoncé la fin prochaine de la disponibilité des médias sur Facebook et Instagram. Une semaine plus tard, Google imitait Meta en signalant son intention de cesser de relayer les actualités canadiennes dans son moteur de recherche.

Ils répondaient ainsi à la mise en vigueur prochaine de la Loi sur les nouvelles en ligne, qui obligera éventuellement les géants du web à offrir une rémunération aux médias qui partagent leur contenu sur leurs plateformes.

Afin de riposter à ces mesures draconiennes, les deux ordres de gouvernement, de grandes villes ainsi que la majorité des médias québécois ont suspendu l’achat de publicités sur Facebook et Instagram au début de juillet.

« On les encourage à revenir à la table, à négocier pour trouver un terrain d’entente », lance Dominique Villeneuve à l’intention de Meta et de Google.

Le Mouvement média d’ici a été lancé par l’A2C en mai 2020 afin de fournir un « appui concret » aux entreprises médiatiques locales, qu’elle juge essentielles.

Avec Mélanie Marquis, La Presse