Les six quotidiens régionaux des Coops de l’information (CN2i) ne seront plus imprimés en format papier à partir de la fin de décembre 2023. Une centaine de postes, ce qui représente environ le tiers des effectifs de l’organisation, devront par le fait même être supprimés, notamment via un programme de départs volontaires.

« On compose avec les mêmes tendances de lectorat que partout ailleurs : une décroissance de nos abonnements papier et une augmentation de nos abonnements numériques. Dans la dernière année, nos deux courbes se sont même croisées, ce qui fait que maintenant, on a plus d’abonnés numériques que papier », explique à La Presse la directrice générale des Coops de l’information, Geneviève Rossier.

Arrivée à son poste en mars et nommée en janvier dernier, la gestionnaire a conclu mercredi une tournée des salles de rédaction, pendant laquelle l’enjeu a été abordé avec les employés. Elle soutient que le choix de mettre fin au papier était dans l’air depuis la création des Coops, il y a plus de trois ans, en 2019. « Le choix qu’on fait, ça a été annoncé depuis un bon bout de temps déjà aux employés et au syndicat », dit-elle.

La réalité, c’est qu’on ne peut pas continuer de constater la diminution du papier, avec tous les revenus de publicité qui ont fuité vers les GAFAM. La décision s’imposait. On ne peut plus maintenir deux équipes pour faire deux choses à la fois. On est persuadés que le moment est le bon pour CN2i maintenant.

Geneviève Rossier, directrice générale des Coops de l’information

Depuis juin 2020, les journaux Le Droit, Le Soleil, La Tribune, Le Nouvelliste, La Voix de l’Est et Le Quotidien conservaient une seule édition papier, celle du samedi. La dernière date d’impression pour ces six journaux devrait être autour du 31 décembre prochain.

Trois catégories de postes

Au total, une centaine des 350 postes des coopératives vont être affectés par les coupes, dont certains sont tout d’abord déjà « inoccupés par attrition », dit Mme Rossier. « Il y a ensuite une deuxième catégorie qui est directement liée à la production de papier qui sera touchée, puisque ce sont des fonctions dont l’entreprise n’aura plus besoin avec la transition », explique-t-elle.

La troisième catégorie, celle qui devrait toucher le plus de salariés selon la directrice générale, comprend des postes qui seront « sujets à des départs volontaires ». La coopérative espère en fait que ces départs volontaires permettront d’éviter les mises à pied. « Évidemment, on ne sait pas encore qui va lever la main, ça demeure l’inconnu, mais de notre côté, on essaie de tout faire pour protéger les salles de rédaction. C’est la raison d’être de nos entreprises », insiste encore Geneviève Rossier.

Des discussions seront d’ailleurs entamées dès la semaine prochaine avec les syndicats des six journaux, dans l’objectif de bâtir un « plan clair et précis » pour la suite des départs volontaires, d’ici le mois de juin prochain.

« Ensuite, les gens auront une période pour donner leur réponse et réfléchir », avance la DG. Celle-ci se fait toutefois catégorique : « On n’est pas en train d’éliminer aucune des six marques de notre groupe. » « On [a bon espoir] qu’on va arriver à maintenir nos niveaux de production et assurer la mission de chacun des journaux », poursuit-elle.

Une ouverture, dit le syndicat

Du côté syndical, on affirme que la direction n’a pas encore donné de plan précis, mais qu’il y a une ouverture pour trouver la meilleure façon d’assurer la pérennité de CN2i avec le moins d’impacts négatifs pour les employés, répond la présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture de la CSN, Annick Charette. « L’atmosphère n’est pas [à la confrontation]. »

L’abolition de postes a indirectement déjà commencé, puisque la coopérative a décrété récemment un gel des embauches, affirme Annick Charette.

Parce que ses six quotidiens seront ainsi entièrement diffusés sur les plateformes numériques, CN2i prévoit par ailleurs rendre disponible une nouvelle interface web pour ses sites ainsi que de nouvelles applications. Celles-ci devraient être dévoilées prochainement. Un abonnement numérique aux plateformes du groupe est disponible depuis novembre 2020.

Rappelons que les six coopératives avaient été créées en décembre 2019, à l’initiative d’employés et de cadres, qui étaient parvenus à récolter un financement public et privé d’environ 21 millions, notamment auprès du Mouvement Desjardins et du Fonds de solidarité FTQ.

Avec La Presse Canadienne