Les histoires d’horreur se multiplient au sujet de bâtiments aux prises avec de ruineuses infiltrations d’eau. Un entrepreneur général lance un concept de maison étanche bâtie en acier et en béton. Il s’attend à une économie récurrente de 20 % au chapitre de la consommation d’énergie par rapport à la maison traditionnelle en bois et en briques.

Entrepreneur général de Brossard, Chevalier Séguin est un promoteur immobilier de petite taille actif depuis 2006. Il a notamment construit les 12 condos Harmony dans le quartier Centre-Sud. Son président Marc-Antoine Chevalier croit avoir trouvé sa signature distinctive avec le concept d’EkkoHaüs : Ekko pour écologie et économie et Haüs pour habitat.

La structure de la maison composée de murs de béton et de plancher de béton et d’acier qui s’assemblent à la manière des blocs Lego. Selon l’entreprise de 16 employés permanents, EkkoHaüs va résister pendant des décennies aux infiltrations d’eau, aux intempéries en tout genre, séisme compris, tout en offrant une isolation et une insonorisation de qualité supérieure.

« Les assurances coûtent moitié moins cher dans des bâtiments en béton », souligne M. Chevalier, 42 ans, dans une entrevue à La Presse à l’occasion d’une visite de chantier.

Cependant, la qualité a un prix : un prix de départ de 1,1 million pour une maison en rangée d’une superficie habitable de 2000 pi2 répartis sur quatre étages, un surcoût de 15 % par rapport à la maison traditionnelle en bois, précise Jason Guillette, vice-président finances, également présent lors du passage de La Presse.

Construire pour durer

« Aujourd’hui, l’habitation est dispendieuse et l’accessibilité est difficile, dit Marc-Antoine Chevalier. À partir de là se pose la question du patrimoine. Si c’est si difficile, faisons des maisons qui sont un bon legs aussi, qui vont traverser les années, les centaines d’années. En Europe, on le voit très bien, le patrimoine, c’est important. Ça reste dans la famille », poursuit-il.

Le premier exemplaire de l’EkkoHaüs prend forme à l’angle des rues Viel et Saint-Réal, au cœur du quartier Vieux-Bordeaux, à Montréal. Les trois maisons en rangée, baptisées Maisons Kolme (trois en finnois), ont des allures de bunker recouvert de styromousse. Leur construction suscite la curiosité dans le voisinage.

Concrètement, l’innovation vient de la combinaison de produits existant sur le marché comme une structure à coffrage en béton doublement isolé (CIB) de Nudura et des plaques d’acier Comslab des Produits métalliques Bailey, à Dorval.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Sur la photo, des blocs Nudura servant au coffrage des murs en béton à double isolation.

Invention de l’entrepreneur Jean-Louis Béliveau, le bloc Nudura est un coffrage formé de deux planches d’isolant de styromousse dans lequel on coule du béton. Fabriqués à Granby, les blocs Nudura appartiennent depuis 2018 à l’américaine Tremco.

Les propriétés des profilés métalliques Comslabs permettent de réduire l’épaisseur du béton de près de 30 centimètres pour les planchers, ce qui permet de gagner de la hauteur libre. Leur utilisation élimine les murs porteurs, car ils offrent jusqu’à 30 pieds de portée. Une caractéristique qui se traduit par l’aménagement d’aires ouvertes.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Sur la photo, les profilés métalliques Comslabs servant au plancher. Le béton est coulé dans les profilés métalliques.

Aux technologies Nudura et Comslabs viennent s’ajouter des fenêtres à triple vitrage et des systèmes mécaniques à haut rendement assurant confort et efficacité énergétique à l’EkkoHaüs.

Banc d’essai en vue d’un projet de 36 millions

Les Maisons Kolme servent de vitrine pour Chevalier Séguin. La prochaine étape sera d’utiliser la même recette au projet Point Cardinal, futur immeuble de 72 unités locatives à Saint-Amable, en Montérégie. L’investissement s’élève à 36 millions. Le loyer tournera autour de 2 $ le pied carré pour un coût mensuel moyen d’environ 1800 $, chauffage, électricité et WiFi compris. Le début du chantier est prévu au retour des vacances estivales de la construction.

Un premier exemplaire de l’EkkoHaüs de Chevalier Séguin
  • L’équipe de Chevalier Séguin : Simon Larivée, Marc-Antoine Chevalier, président, Jason Guillette et Alexandre Cayer-Desforges

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    L’équipe de Chevalier Séguin : Simon Larivée, Marc-Antoine Chevalier, président, Jason Guillette et Alexandre Cayer-Desforges

  • Façades des maisons en rangée Kolme, dans le quartier Vieux-Bordeaux, à Montréal

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR CHEVALIER SÉGUIN

    Façades des maisons en rangée Kolme, dans le quartier Vieux-Bordeaux, à Montréal

  • Aperçu des maisons en rangée Kolme, dans le quartier Vieux-Bordeaux, à Montréal

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR CHEVALIER SÉGUIN

    Aperçu des maisons en rangée Kolme, dans le quartier Vieux-Bordeaux, à Montréal

  • Aperçu des maisons en rangée Kolme, dans le quartier Vieux-Bordeaux, à Montréal

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR CHEVALIER SÉGUIN

    Aperçu des maisons en rangée Kolme, dans le quartier Vieux-Bordeaux, à Montréal

  • Aperçu des maisons en rangée Kolme, dans le quartier Vieux-Bordeaux, à Montréal

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR CHEVALIER SÉGUIN

    Aperçu des maisons en rangée Kolme, dans le quartier Vieux-Bordeaux, à Montréal

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Grâce aux qualités énergétiques du futur bâtiment, Chevalier Séguin a bon espoir que le projet soit admissible au programme APH Select de la Société canadienne d’hypothèques et de logement qui permet d’obtenir un financement à des conditions avantageuses : taux d’intérêt réduit, amortissement prolongé à 50 ans et ratio de couverture de dette inférieur.

APH Select utilise un système de points pour offrir des incitations d’assurance fondées sur l’abordabilité, l’efficacité énergétique et l’accessibilité.

« Ça donne une accessibilité à du financement qui fait en sorte que l’on continue à construire dans le locatif. Si ce n’était pas de ce programme, la construction serait vraiment morte. »