(Toronto) Le régulateur bancaire canadien se prépare à ce que les tensions sur le marché du logement durent tout au long de l’année, le secteur étant considéré comme une source d’inquiétude croissante.

Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a indiqué mardi, dans son dernier rapport annuel sur les risques, que le marché du logement constituait sa principale source d’inquiétude, car des taux élevés se traduisaient par des probabilités de défaut de paiement plus importantes.

« Le BSIF se prépare à la possibilité, sans faire de prédiction, que le marché du logement connaisse une faiblesse durable tout au long de l’année 2023 », a affirmé le surintendant Peter Routledge lors d’une conférence téléphonique avec les médias.

Toutefois, la qualité du crédit semble jusqu’à présent assez solide et l’immobilier résidentiel reste sain, a-t-il ajouté.

« Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est de voir à quel point les conditions sont restées bénignes. L’économie est très forte, le taux de chômage reste très bas. Grâce à cela, les Canadiens parviennent à faire face au coût plus élevé de la dette, sans trop de difficultés. »

Les perspectives de risque visent à rappeler à tous que, même si la situation financière semble solide, les risques existent toujours, a-t-il expliqué.

Afin de mieux se préparer aux risques futurs, il a indiqué que l’organisme de réglementation procédait à l’examen des règles de souscription des prêts hypothécaires de sa ligne directrice B-20 et examinait de plus près la manière dont les banques géraient les prêts hypothécaires à taux variable et à remboursement fixe.

Ce produit hypothécaire en question n’est pas une préoccupation immédiate, mais il pourrait le devenir au cours des deux ou trois prochaines années, lorsque les conditions commenceront à être révisées et que les emprunteurs subiront de plein fouet les effets de la hausse des taux d’intérêt.

L’autorité de régulation a également indiqué que les problèmes de liquidité constituaient un risque majeur, car les banques réduisent leurs prêts et les taux plus élevés agissent comme une forme de resserrement des liquidités.

« D’une manière générale, nous observons un ralentissement de la croissance du crédit dans tous les secteurs de prêt, y compris les prêts commerciaux, a précisé M. Routledge. D’un point de vue anecdotique, je dirais qu’il s’agit pour l’instant d’un ralentissement gérable et non extraordinaire. »

L’effondrement récent de la Silicon Valley Bank et du Crédit suisse a également fait craindre que les banques ne deviennent plus prudentes en matière de prêts, mais M. Routledge a estimé que, jusqu’à maintenant, il avait constaté une décélération de la croissance du crédit, et non un déclin.

Parmi les autres sujets de préoccupation identifiés par le régulateur figurent le risque de liquidité et de financement, la faiblesse de l’immobilier commercial, le risque de contagion du crédit privé, le risque lié à l’innovation numérique, les risques climatiques, le cyberrisque et le risque lié aux tiers pour les banques qui ont recours à des systèmes comme l’infonuagique.