Une tendance qui devrait se poursuivre

La hausse des taux d’intérêt a eu l’effet d’une douche froide sur la surchauffe de l’immobilier résidentiel au Québec, selon les données de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). La tendance risque de se poursuivre pour la prochaine année, ajoute une économiste du Mouvement Desjardins.

Que ce soit la baisse du nombre de propriétés vendues, l’augmentation de l’offre (nombre d’inscriptions), les délais plus longs pour trouver un acheteur ou la diminution des prix par rapport au sommet d’avril, les principaux indicateurs pointent vers un ralentissement du marché immobilier résidentiel, qui avait connu une surchauffe en 2021 et au début de l’année 2022.

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Le nombre de ventes sur le territoire québécois a reculé de 18 % au troisième trimestre, par rapport à la même période l’an dernier, pour s’établir à 18 146 transactions, selon les données de l’APCIQ. Le chiffre est inférieur à la moyenne prépandémique pour un troisième trimestre.

Il s’agit d’un changement de cap important depuis le mois d’avril, indique Hélène Bégin, économiste principale du Mouvement Desjardins. « Les ventes ont quand même passablement diminué, assez rapidement, en raison notamment de la montée des taux hypothécaires qui s’est accélérée. Ça confirme ce qu’on avait anticipé il y a quelques mois. Le marché se refroidit assez drastiquement. »

La tendance risque de se poursuivre pour les prochains mois tandis que la Banque du Canada n’a pas terminé de hausser son taux directeur, anticipe Mme Bégin.

Le plein effet de la hausse des taux d’intérêt ne s’est pas encore fait sentir, ce n’est que le début d’une période de correction pour le marché immobilier résidentiel, qui avait connu, il faut le dire, des excès importants pendant la pandémie.

Hélène Bégin, économiste principale du Mouvement Desjardins

L’économiste prévoit que les prix vont continuer de baisser « jusqu’à la fin de 2023 ». « La raison est simple : il y a beaucoup moins d’acheteurs qui sont en mesure de contracter un prêt pour faire l’achat d’une propriété. Ceux qui sont en mesure d’avoir un prêt, bien souvent, le montant n’est pas nécessairement suffisant pour passer à l’action immédiatement. »

« Il y a moins d’acheteurs potentiels, les gens sont plus prudents et ça fait en sorte que le marché va continuer de se corriger », ajoute-t-elle.

Différent d’une région à l’autre

Les données de l’APCIQ démontrent que la situation est différente d’une région à l’autre, souligne l’économiste.

L’activité a connu les plus forts ralentissements dans les régions où le phénomène de surévaluation était le plus important. Les ventes ont chuté de 23 % dans la grande région de Montréal et de 19 % dans la région de Gatineau. À Québec, la diminution est de 9 % tandis que l’activité recule de 15 % dans la région de Sherbrooke.

En comparaison, l’activité est demeurée stable à Trois-Rivières et à Saguenay (0 % et 1 %, respectivement).

Unifamiliales et plex

Les prix de l’immobilier sont également en recul depuis leur sommet historique atteint au deuxième trimestre, d’avril à juin. Le prix médian d’une unifamiliale a diminué de près de 10 % pour la période comprenant les mois de juillet, août et septembre, comparativement aux trois mois précédents, passant de 448 694 $ à 400 000 $. Le prix médian demeure tout de même 10 % plus élevé qu’à la même période l’an dernier.

La diminution du nombre de transactions est plus prononcée dans le segment des copropriétés et des plex, qui enregistrent respectivement un déclin de 25 % et de 34 % par rapport à la même période l’an dernier. Le recul n’est que de 13 % pour les unifamiliales.