Le Québec a besoin de 620 000 logements de plus d’ici 2030 pour retrouver un niveau d’abordabilité souhaitable. Pour y arriver, il faut doubler le rythme des mises en chantier, rien de moins.

En chiffre absolu, il faudrait que le parc de logements du Québec dépasse les 5 millions d’habitations en 2030, à 5,19 millions plus précisément, selon une étude dévoilée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) vendredi matin.

Cette cible représente un ajout de 620 000 logements en surplus de ceux qui seraient déjà construits en suivant le rythme de construction actuel, soit une augmentation de 14 %. Sans ces logements additionnels, il est prévu que le parc de logements se situe plutôt à 4,57 millions en 2030.

Par abordabilité, l’organisme fédéral entend le rapport entre les frais de logement moyens et le revenu moyen dans une province donnée.

« On endosse pleinement les conclusions de la SCHL », soutient Paul Cardinal, directeur du Service économique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec. M. Cardinal a évalué qu’il manquait 100 000 logements en décembre 2021 pour rééquilibrer l’offre et la demande dans le marché résidentiel au Québec.

Doubler le rythme des mises en chantier annuelles constitue un défi colossal, reconnaît la SCHL, dans son étude. « Si le secteur de la construction peut améliorer sa productivité et si le processus réglementaire est plus rapide et moins incertain, il est possible de prendre des mesures concrètes pour accroître l’offre de logements », y lit-on.

Avec une offre bonifiée de 620 000 logements, selon la SCHL, le prix du logement s’ajusterait de façon à ce que le niveau cible d’abordabilité corresponde à 32 % du revenu moyen des ménages en 2030. Le prix moyen nominal s’établirait ainsi à 364 000 $ en 2030. Ce prix s’élevait à 449 000 $ en 2021.

L’écart négatif entre le prix moyen de 2030 et celui de 2021 ne signifie pas que le prix des maisons dégringolera. Il faut comprendre que le nouvel inventaire aura des caractéristiques différentes des logements existants comme des habitations plus petites, plus de logements collectifs et moins de maisons détachées, une emprise au sol moindre, etc.

À l’échelle du pays, la SCHL prévoit qu’il faudrait construire 3,5 millions de logements supplémentaires d’ici 2030 pour rendre le logement abordable de nouveau. L’effort se concentre en Ontario et en Colombie-Britannique, où se concentreraient les deux tiers des logements additionnels requis.

« La création de logements supplémentaires sur le marché permettra aux ménages d’en choisir un qui répond vraiment à leurs exigences, explique la SCHL dans son rapport. Ainsi, des logements finiront par être vacants, ce qui favorisera l’abordabilité à long terme. Cet effet de cascade améliore l’abordabilité au fil du temps. »