Les ventes d’habitations à Montréal ont diminué de 17 % en avril, par rapport au même mois l’an dernier, ce qui en fait le mois d’avril le moins actif que le marché ait connu depuis 2017, a indiqué mercredi l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).

Selon le groupe, un total de 5124 propriétés ont changé de mains dans la région de Montréal le mois dernier, contre 6164 en avril 2021.

Selon le directeur du service de l’analyse du marché de l’APCIQ, Charles Brant, le fait de renouer avec le niveau d’activité le plus modéré des cinq dernières années « est évocateur d’un ralentissement significatif » après des mois de conditions difficiles.

Les secteurs nord de la région métropolitaine ont enregistré des reculs annuels plus importants. Les ventes ont diminué de 21 % à Laval et de 20 % dans la Rive-Nord, tandis qu’elles ont retraité de 17 sur l’île de Montréal. Le ralentissement a cependant été moins prononcé dans les secteurs du sud, et les ventes ont cédé 14 % à Vaudreuil-Soulanges et dans la Rive-Sud, pendant qu’elles diminuaient de 10 % à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Le ralentissement est particulièrement flagrant dans la catégorie des maisons unifamiliales, où il faut reculer jusqu’en 2014 pour retrouver des données comparables pour un mois d’avril. Or, l’année 2014 a été l’une des années parmi les moins actives des 20 dernières années.

« Si cette situation s’explique essentiellement par un manque d’unifamiliales disponibles sur le marché, il faut se rendre à l’évidence, le niveau des prix évince une bonne partie des acheteurs potentiels pour cette catégorie de propriétés », a observé M. Brant.

« Les acheteurs les plus décidés qui ne se laissent pas impressionner par les conditions de marché se rabattent massivement et plus rapidement que jamais sur la copropriété, plus abordable », a-t-il ajouté, soulignant que les perspectives de hausse des taux d’intérêt pouvaient aussi convaincre certains acheteurs d’agir plus rapidement.

Toutes les catégories d’habitations ont enregistré des diminutions d’activité. Les ventes d’immeubles de deux à cinq logements ont diminué de 19 %, celles de maisons unifamiliales ont reculé de 17 % et celles de copropriétés, de 16 %.

Malgré la baisse des ventes, l’APCIQ a souligné que les prix médians des maisons unifamiliales avaient augmenté de 16 % sur un an pour atteindre 580 000 $. Il s’agit même d’une hausse par rapport à mars 2022, lorsque les prix avaient atteint 566 000 $. Le prix médian d’une copropriété a augmenté de 15 % d’une année à l’autre pour atteindre 410 000 $.

Le prix médian des plex a pour sa part avancé de 14 % à 780 000 $.

Un marché toujours favorable aux vendeurs

Les nouvelles inscriptions à la vente pour le mois d’avril ont chuté à 6300, ce qui représentait une baisse de 10 % par rapport aux 7027 nouvelles inscriptions du mois d’avril de l’an dernier. Le nombre d’inscriptions en vigueur a cependant progressé pour un quatrième mois consécutif, pour atteindre 10 454 dans la région. Selon l’APCIQ, une telle séquence de hausses n’avait pas été observée depuis 2013.

« Malgré la récente augmentation de l’offre, celle-ci demeure à un niveau historiquement bas, de sorte que même avec la diminution de la demande des derniers mois, les conditions du marché montréalais indiquent toujours un marché largement favorable aux vendeurs », a pour sa part estimé l’économiste Daren King, de la Financière Banque Nationale.

« Bien que la modération sur le marché résidentiel de Montréal soit entamée depuis quelques mois déjà, les récentes données pour les marchés de Vancouver et Toronto laissent présager qu’elle devrait se poursuivre dans les prochains mois en raison notamment de la forte augmentation des prix qui a dégradé considérablement l’abordabilité depuis le début de la pandémie et de la récente hausse des taux d’intérêt hypothécaires qui commence à se faire sentir. »