(Montréal) Confrontée à de nombreux vents de face aux États-Unis, Cogeco Communications a réussi à réduire le nombre de clients qu’elle perd au sud de la frontière. Survol des résultats présentés pour la première fois par le nouveau PDG Frédéric Perron.

Breezline, la filiale américaine du câblodistributeur montréalais, a perdu 3000 clients à son service internet aux États-Unis au deuxième trimestre clos le 29 février. La grande majorité des clients perdus, soit 2500, se trouvaient dans l’Ohio où l’intégration de WideOpen West représente un vent de face au même moment où la concurrence s’intensifie dans le marché américain.

Il s’agit d’une importante amélioration de cette tendance. Au cours des trois mois précédents, Cogeco en avait perdu près de 8500. En 2023, elle a perdu près de 35 700 abonnés.

« L’Ohio a été un marché concurrentiel depuis un certain temps et notre priorité a toujours été de renforcer nos opérations et de renforcer notre image de marque, parce que nous avons adopté une nouvelle marque [Breezline] », a expliqué le président et chef de la direction, Frédéric Perron, lors d’une conférence avec les analystes vendredi. « Nous avons vraiment fait de bons progrès sur ces aspects. »

Aux États-Unis, Cogeco a aussi été confrontée à la concurrence des services d’accès sans fil à internet. « Ça reste un marché concurrentiel avec la concurrence de l’accès sans fil à internet. Nous voyons des signes d’une atténuation de la concurrence, mais ça reste tôt pour le mentionner. »

Grande pression du sans-fil

Malgré l’amélioration, l’analyste Maher Yaghi, de la Banque Scotia, ne croit pas que l’entreprise parviendra à revenir à une croissance du nombre d’abonnés à court terme « en raison de la concurrence des câblodistributeurs américains et de l’accès internet sans fil ».

L’analyste souligne que les directions des sociétés américaines Charter et Comcast ont rapporté que la pression de la part des fournisseurs de l’internet sans fil demeurait intense. M. Yaghi ajoute que Comcast est parvenue à augmenter ses revenus par abonné. Les revenus totaux sont ainsi demeurés stables, compensant la perte d’abonnés.

À ce stade-ci, on ne dirait pas que Cogeco est parvenue à reproduire cette stratégie. Cependant, la baisse du nombre de clients perdus en Ohio devrait modérer les pertes de revenus dans les prochains trimestres.

Maher Yaghi, analyste à la Banque Scotia

Le point sur la téléphonie mobile

En mars, Cogeco a confirmé qu’elle se lançait dans la téléphonie mobile aux États-Unis.

M. Perron a fait le point sur l’avancement du projet au cours de l’appel avec les analystes. « Nous avons fait des tests avec certains clients fidèles et nous sommes en phase de prélancement dans l’un des États où nous avons des activités [sur treize]. Nous ferons un lancement rapide dans les autres États après cela. »

Pour le moment, l’entreprise voit son service de téléphonie mobile comme un argument de vente au profit du réseau filaire plutôt qu’une nouvelle source de bénéfice à court terme.

« Le principal avantage économique pour nous sera de réduire les désabonnements et d’augmenter la satisfaction des clients en même temps qu’on agrandit notre bassin de clients potentiels, avec ceux qui cherchent des forfaits que nous ne pouvions pas offrir avant », a expliqué Frédéric Perron.

Nous pensons que le sans-fil, à lui seul, contribuera aux bénéfices à moyen et long terme.

Frédéric Perron, PDG de Cogeco

L’analyste Jérôme Dubreuil, de Desjardins Marché des capitaux, croit que la téléphonie mobile pourra réduire le nombre de désabonnements, « mais la rentabilité pourrait être difficile à atteindre ».

Et le sans-fil au Canada ?

L’entreprise envisage toujours de faire une percée dans le marché canadien de la téléphonie mobile. Cogeco a lancé un service de téléphonie mobile à Sept-Îles en 2023, afin de répondre à certaines conditions du cadre réglementaire du CRTC, mais elle attend de conclure une entente d’accès au réseau d’une grande société de télécommunications avant d’étendre son réseau davantage.

Sur ce front, l’entreprise n’avait pas beaucoup de nouvelles à fournir aux investisseurs. « Je dirais que la situation n’est pas vraiment différente depuis un trimestre », a précisé le chef des finances, Patrice Ouimet. « Cela étant dit, nous faisons des progrès. C’est plus difficile d’en parler publiquement tandis que nos négociations sont privées. »

Un nouveau patron

Il s’agissait du premier dévoilement de résultat trimestriel sous la gouverne de Frédéric Perron, promu au mois de mars. Il dirigeait Cogeco Connexion depuis septembre 2020.

« Au cours de mon premier mois en poste, j’ai pris du temps pour réviser tous les aspects de nos opérations pour identifier des endroits où nous pouvons améliorer notre performance », a-t-il dit.

Il a réitéré son intention de rendre l’organisation plus efficace et a dit qu’il accorderait une grande importance à la numérisation.

« Ces priorités sont logiques en période de forte concurrence », croit M. Dubreuil. L’analyste de Desjardins Marché des capitaux ne s’attend pas à un virage stratégique à court terme.

Les résultats en bref

Cogeco Communications a dévoilé des résultats supérieurs aux attentes des analystes, qui ont souligné l’amélioration des activités aux États-Unis, mais aussi les chiffres meilleurs qu’attendu au Canada. Le bénéfice net a diminué de 7,4 % au deuxième trimestre, à 96,6 millions. Le bénéfice dilué par action a atteint 2,20 $. Les revenus, pour leur part, ont reculé de 0,8 %, à 730,5 millions. Les analystes anticipaient un bénéfice dilué par action de 1,91 $ et des revenus de 734,9 millions, selon Refinitiv. L’action de Cogeco a clôturé en hausse de 32 cents, ou 0,6 %, à 55,83 $ vendredi à la Bourse de Toronto.