« Chiffres douteux » Un vendeur à découvert écorche WSP Global

Le vendeur à découvert Spruce Point s’attaque de nouveau à un poids lourd du Québec inc. Cette fois, c’est un champion montréalais du génie qui y passe : WSP Global. La firme new-yorkaise mise sur une baisse de 25 à 50 % de son titre, lui reprochant des difficultés avec ses acquisitions, masquées selon elle par une présentation « douteuse » des résultats.

Le titre de WSP était en baisse de plus de 5 % mercredi en marge de la publication du rapport.

Spruce Point a publié depuis 2021 des rapports sur trois autres entreprises montréalaises qu’il considérait comme surévaluées : Lightspeed, Saputo et Nuvei.

Le vendeur à découvert affirme que WSP – ex-Genivar – a acquis 22 entreprises depuis 2020 pour un total de 4,3 milliards US (5,8 milliards CAN). Selon lui, ses chiffres « opaques » laissent croire que ces acquisitions provoquent « des défis de croissance et un stress financier de plus en plus importants ».

Spruce Point affirme aussi que la firme de génie gonfle fortement des éléments clés de ses finances, dont son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) et ses flux de trésorerie.

Le vendeur à découvert ajoute que « le grand roulement d’employés » et les difficultés de WSP à recruter compromettent les capacités de l’entreprise à digérer ces achats.

Allégations d’évasion fiscale en Inde

La firme new-yorkaise souligne aussi les allégations d’évasion fiscale visant l’entreprise en Inde. Elle explique qu’un ancien employé qui « agit en lanceur d’alerte » dans ce pays lui reproche d’avoir « éludé des dizaines de millions de dollars d’impôt ».

Spruce Point rappelle en outre les graves problèmes d’éthique qu’a connus Genivar au Québec, largement abordés lors de la commission Charbonneau sur la corruption dans la construction. Son ancien PDG, Pierre Shoiry, toujours vice-président du conseil d’administration, a été condamné par l’Ordre des ingénieurs du Québec à des amendes totalisant 75 000 $ en 2020 pour son rôle dans le système de partage des contrats publics au Québec.

M. Shoiry avait plaidé coupable à des actes dérogatoires à l’exercice de la profession et renoncé à son titre d’ingénieur. WSP vient tout juste d’annoncer qu’il quittera l’entreprise le mois prochain.

« Boys club »

Spruce Point pense que les investisseurs ne devraient pas accorder leur confiance au conseil d’administration.

« WSP est devenue une entreprise tentaculaire globale qui touche 80 % de ses revenus hors Canada, mais son comité d’audit est composé exclusivement d’un boys (and girls) club de Montréal. » Selon le vendeur à découvert, la firme de génie devrait le réorganiser pour examiner ses conclusions.

Dans un courriel de la directrice des communications globales de l’entreprise, Aline Vandermeer, la firme de génie dit « être au courant » de la sortie de Spruce Point. « Bien que notre équipe compte examiner ce rapport, WSP maintient les normes de gouvernance les plus élevées et nous prenons au sérieux nos obligations à cet égard. »

La Caisse de dépôt et placement du Québec est le plus important actionnaire de la firme de génie selon les plus récents documents réglementaires, avec un investissement d’une valeur actuelle de 4,7 milliards.

« La Caisse est un investisseur de long terme et prend ses décisions d’investissement dans une perspective de création de valeur dans les entreprises dans lesquelles elle investit, dit la directrice des relations avec les médias, Kate Monfette. Notre relation avec WSP en est une de longue date. La société et son conseil d’administration ont toute notre confiance. »

Le deuxième actionnaire en importance, l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, a de son côté vendu depuis un an plus de 3 millions d’actions de WSP, d’une valeur actuelle de 635 millions.

Depuis un an, le titre de WSP a pris 20 %.

Lisez le rapport de Spruce Point (en anglais)